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jeudi 16 juillet 2015
36 nulles de salon au Théâtre du Rond Point
Voilà, ça y est, oui, maintenant c'est vrai. Ils sont arrivés à Paris. Au Rond-Point !
J'ai déjà écrit plusieurs articles sur ce spectacle :
un de mars 2014 et un autre de juin 2014 (à consulter dans les archives du blog)
Les critiques connus de magazines qui le sont encore plus vont découvrir et donner leur avis...
Relisez les miens qui datent un peu, mais sont toujours d'actualité.
Allez voir surtout.
vendredi 19 décembre 2014
Chassez le naturel critique complètée
Chassez le naturel. J'ai
déjà évoqué dans un article précédent les différentes versions
vues de ce spectacle. Il reste en images subliminales des traces des
anciennes versions qui viennent influencer les nouvelles
propositions, telle cette envolée de manteau au-dessus de la scène
d'Alloue ou cette rencontre entre deux explorateurs (à peine
esquissée dans la nouvelle version) qui contrastait avec ce qui
précédait par le ton très mondain que prenait la conversation....
1 an et demi sépare les
deux dernières représentations. Des glissements, des nuances, il y
en a, certes (notamment au niveau du dialogue imaginaire avec
Rousseau) mais finalement moins que je ne pouvais l'attendre. La
pièce a moins évolué pendant cet endormissement qu'entre les deux
versions données au Théâtre de la Bastille. Il faut reconnaître
que tout fonctionne bien. Il y a le juste dosage entre le texte / les
textes philosophique(s), la part d'humour, de danse, et celle
d'émotion.
On retrouve les deux
parties distinctes entre la nature selon la pensée du XVIIIème
siècle, notamment Rousseau, et l'argumentation contemporaine de
Bailly. Un transfert subtil se fait entre la nature source de vérité
et origine parfaite de l'humanité et la destruction opérée par
l'homme sur le monde qui l'entoure et notamment les animaux (les
seuls animaux présents sont des chouettes, par le bruit et des
gibiers de chasse en forêt sous forme de silhouettes peintes en
noir). Le texte sur le brontosaure achève cette affirmation que
l'homme est le seul monstre encore présent, capable de détruire. Il
y a un parallèle entre le côté prédateur de l'être humain et son
goût pour la guerre.
Le texte est dense,
parfois difficile. Jacques Bonnaffé joue alors de ruse pour le faire
passer : exercice de respiration sur un texte de Rousseau,
pseudo- cours de philosophie (avec commentaires critiques), clins
d’œil à l'actualité avec des petits coups de griffes, l'air de
rien. Le public suit, complice.
Ce qui fait la plus
grande force de ce spectacle, c'est l’alliance de la danse et du
texte, c'est la répartition entre les deux acteurs-danseurs. Chacun
est à la fois danseur et acteur. L'essoufflement de Jacques Bonnaffé
influe sur sa diction, et, à d'autres moments, sa diction suppose
l'adaptation du mouvement. Le rythme vient du martèlement des pieds,
du claquement des mains, des déplacements ou des arrêts. Quant à
la danse, elle ne cherche jamais vraiment à se faire imitative ou
narrative. Elle va dans l'étrangeté, dans ce que les « animaux
ont de différent avec nous ». Les personnages présents sur
scène ne sont à aucun moment des simulacre de singes, mais des
êtres qui jouent sur l'impossibilité de les classer. Des formes
surgissent entre l'animal et l'humain, distordues, à la limite du
déséquilibre, ou n'existant que par une partie de leur corps. Les
mouvements sont très calculés et ajoutent à l'humour par leur
soudain décalage ou leur adresse au public.
Quand le danseur, Jonas
Chéreau, semblant vivre en accéléré l'évolution de Darwin, passe
de cris inarticulés à une parole construite et raisonnée, sa voix
reste dans une neutralité d'observation 'de laboratoire.
Si le discours est très
scientifique et très érudit (citation en grec ancien), les costumes
et les accessoires sont burlesques et valent surtout pour la dérision
qu'ils proposent. Comment peut-on prendre au sérieux des clowns ?
Et pourtant. Il est vite évident qu'il s'agit d'une forme de
détournement pour nous conduire à nous poser la vraie question de
la place de l'animal dans le monde et de la place de l'homme dans la
société.
La pièce va connaître à
nouveau quelques dates qu'il ne faut absolument pas laisser passer.
lundi 15 décembre 2014
Hotel modern : la grande guerre - critique
Hotel modern est une compagnie qui
s'est spécialisée dans le théâtre d'objets. Elle a connu un
succès mérité, il y a quelques années, avec « la grande
guerre ».
De nombreuses traces persistaient sur
Internet et j'avais étudié le pièce (à partir d'archives) avec
David Lescot, spécialiste du théâtre de la guerre. Inutile donc de
vous dire la joie que j'ai éprouvée, en avril quand j'ai appris que
Hotel modern interviendrait pour deux représentations à Reims, dans
le cadre des cérémonies de commémoration. Un collègue très
branché « centenaires » m'a rejointe.
Enfin, voir en vrai ce que je ne
connaissais que par photographies ou micro-enregistrement. Pas trop
loin de la scène : je veux voir le résultat, mais je veux
aussi comprendre les moyens. Surprise : le texte lu en direct
est en français. Ils sont 4 sur le plateau. 3 qui se partagent la
lecture et les manipulations, un 4ème qui assure les bruitages. Les
textes ne diffèrent guère de ceux qu'on entend d'habitude.
L'intérêt vient des moyens rudimentaires mis en œuvre pour recréer
les tranchées, les villages en feu, les bombardements, les
destructions, la mort, la boue, la putréfaction. Tout est filmé en
direct par les manipulateurs et projeté sur un écran qui occupe le
fond de scène. Les mains apparaissent parfois comme des personnages
à par entière au milieu des figurines, sans créer un sentiment de
gêne. La manipulation se fait « à vue ». La projection
alterne couleurs et noir et blanc, pour donner un point de vue ou un
autre. Je regarde à peu près autant l'écran que les objets ou les
mouvements des interprètes. Le décalage entre ce qui est utilisé
et ce qui est produit me fascine, rendant plus puissant l'effet
obtenu. Cela fourmille d'imagination, de créativité, d'observation,
de recherche. A la fin on nous invite à venir sur le plateau pour
une meilleure prise de conscience du travail. On peut même parler
avec les manipulateurs ou s'exercer à un mouvement des figurines.
Quand nous sortons, mon collègue me
dit « je ne suis jamais rentré dans un spectacle au théâtre. »
Moi je n'y suis rentrée que dans la
mesure où j'ai joué le jeu du « je sais que ce n'est pas
vrai, mais faites comme si... Faites moi croire que vous croyez que
je suis dupe... » J'ai regardé le travail d'artiste, mon
collègue a regardé l'écran. IL n'a pas assisté à un théâtre
d'objets, il a suivi un film d'animation. Nous avons vu deux
représentations différentes. En tant que spectateur de cinéma
(d'animation), il a été happé par l'image de l'écran, en tant que
spectatrice consciente, je suis restée en partir extérieure. La
présente de l'écran a créé une part de distanciation qui m'a mise
en position critique. J'ai admiré le travail élaboré et mon esprit
aiguisé par la nécessité d'aller au-delà m'a conduite à penser
« ah oui, c'était cela. Ils ont bien retrouvé comment me le
faire éprouver », sans me laisser piéger par l'image
conventionnelle finalement, très apparentée à un documentaire
comme on en voit beaucoup.
Qui de nous deux était sur le bon
parcours ? Il reste vrai que ce spectacle qui ne se jouera très
peu en France est à ne manquer sous aucun prétexte....
lundi 8 décembre 2014
les fourberies de Scapin , de Molière, vues par Jean Sclavis et Emilie Valantin
Il y avait trop peu de
monde ce soir à la représentation. Une salle de confidence. Le
spectacle en eut encore plus de valeur, valeur de cadeau. Et ce
sentiment d'être des privilégiés. Les Fourberies de Scapin.
Encore ! Il y avait
longtemps que je n'avais pas regardé les fourberies. Je connais la
pièce par cœur, j'ai dû en monter quelques scènes, toujours les
mêmes, elles rassurent les responsables de structures accueillant
des enfants et des adolescents. Je m'ennuie aux fourberies. Si une
fois une bonne surprise, il y a vingt ans de cela. La première scène
était hilarante, impression vite déçue, le jeu des comédiens
n'étaient pas travaillé, ils jouaient vraiment faux et la suite fut
un long calvaire.... J'ai subi les fourberies à toutes les sauces :
western, cirque, en costume façon banlieue, en copie d'époque,
souvent avec des grands noms. Et aujourd'hui, je redécouvre ce que
ce classique a de drôle et d'éternel. Il est tout seul, pendant
plus d'une heure. Qui, Scapin, Jean Sclavis (le frère de Louis?). Il
est à lui seul tous les personnages et leur interlocuteur. Les
autres ? Des marionnettes. 1,30 m, presque des adultes, qui
marchent, qui ont des mouvements d'humain, des expressions. On se
prend parfois à les voir respirer ; Je n'avais qu'une fois
cette sensation, à Salzbourg, pendant une représentation de la
Flûte enchantée....
Il y a une telle osmose entre les marionnettes et le comédien que
notre imagination refuse de n'y voir que des pantins. Jean Sclavis
fait toutes les voix en direct. Chaque personnage a ses intonations,
sa tessiture, son accent, son passé. Hyacinthe chante même comme un
personnage de l'opéra baroque. Souvent le comédien utilise d'un jeu
de scène, de position pour dissimuler son articulation à la place
d'un personnage. Les entrées et les sorties de scène sont celles
des marionnettes et modifient celles du manipulateur (au double sens)
puisque Jean Sclavis et Scapin sont ceux qui tirent les ficelles.
L'interprétation
au niveau du décor, le port de Naples,( on voit le Vésuve qui fume
au loin) permet de gérer les personnages quand ils sont nombreux.
Les scènes finales qui regroupent l'ensemble des personnages sont
remarquables au niveau esthétique.
Si le
jeu du comédien est extraordinaire que dire des marionnettes ?
Elles sont à la fois très réalistes et suffisamment caricaturales
pour ne pas devenir, malgré la vie qui émane d'elles, des humains.
La créatrice Emilie Valantin a eu le génie de faire pour chaque
personnage un visage qui exprime tous les sentiments que le
personnage est censé éprouver, une modification de position du
visage ou un éclairage différent orientent vers une intention ou
une autre.
C'est
un spectacle magnifique.
Je
vous conseille un passage sur le site de la compagnie....
compagnie
Emilie Valantin...
vendredi 5 décembre 2014
Chassez le naturel critique
Une chance pour ceux qui ne l'ont pas
vu les années passées : Le théâtre des quartiers d'Ivry
programme du 11 au 13 décembre, une reprise de « Chassez le
naturel » ;
J'ai eu l'occasion de suivre
l'évolution de cette pièce et je me réjouis de voir ce qu'elle est
devenue après un repos assez long. La première découverte fut une
lecture mise en espace au festival d'Alloue de l'opuscule de J.C
Bailly, puis une version associant la danse et le texte « Nature
aime à se cacher » au théâtre de la Bastille – allusion à
une citation du philosophe grec Héraclite, enfin une dernière
version, à nouveau au théâtre de la Bastille « Chasser le
naturel ». La dernière version en date, celle qui sera
présentée le week-end prochain, me semble la plus intéressante, la
plus aboutie et la plus ouverte. Elle s'est enrichie de textes
d'autres auteurs que Bailly, notamment des textes de Rousseau, et de
poètes contemporains. La première partie est issue d'un travail
mené par Jacques Bonnaffé dans le cadre des commémorations de
Rousseau. On sait combien la nature avait d'importance pour ce
philosophe des lumières. La seconde reste le texte de Bailly. Les
textes trouvent une cohérence qui les fait résonner.
Le thème de base est la place des animaux dans le monde, dans la société, de ce que nous faisons d'eux, de notre besoin de les assimiler, notamment les singes, à nous dans leur comportement. Comment nous en sommes arrivés à réduire à notre vision, alors que les animaux valent surtout par les différences qui existent entre eux et nous. Je schématise à l'extrême la pensée de Bailly.
La danse ne vient donc pas doubler le texte mais crée une propre partition, ou cacher et montrer se confrontent.
Le thème de base est la place des animaux dans le monde, dans la société, de ce que nous faisons d'eux, de notre besoin de les assimiler, notamment les singes, à nous dans leur comportement. Comment nous en sommes arrivés à réduire à notre vision, alors que les animaux valent surtout par les différences qui existent entre eux et nous. Je schématise à l'extrême la pensée de Bailly.
La danse ne vient donc pas doubler le texte mais crée une propre partition, ou cacher et montrer se confrontent.
Si dans le début, on distingue bien le
dialogue comédien/danseur, la suite confond les deux interprètes en
dansant parleur et parleur dansant. Il y a autant à voir qu'à
entendre, entendre en texte et entendre en sons, en rythmes. Je garde
le souvenir de passages très drôles, très iconoclastes, d'autres
plus sensibles....
Bref je serai dans la salle jeudi pour
cette reprise, avec bonheur.

vendredi 7 novembre 2014
Je suis le vent de Jon Fosse suite
Je viens de me procurer le texte de la pièce.
Didascalie préliminaire :
" Je suis le vent se joue sur un bateau imaginaire et à peine suggéré. Les actions sont également imaginaires et ne doivent pas être exécutées, mais suggérées."
Une base pour une réflexion plus documentée et plus nourrie sur ma déception lors de la représentation de cette pièce. A un moment où je me bats contre le rapport entre l'attente et le reçu au théâtre. Et sur les apriori qui faussent les jugements...
A bientôt donc.
Didascalie préliminaire :
" Je suis le vent se joue sur un bateau imaginaire et à peine suggéré. Les actions sont également imaginaires et ne doivent pas être exécutées, mais suggérées."
Une base pour une réflexion plus documentée et plus nourrie sur ma déception lors de la représentation de cette pièce. A un moment où je me bats contre le rapport entre l'attente et le reçu au théâtre. Et sur les apriori qui faussent les jugements...
A bientôt donc.
mercredi 22 octobre 2014
je suis le vent critique
Vue il y a quelques jours, cette pièce
de Jon Fosse Je suis le vent
raconte de façon indirecte et détournée un drame en mer... avec
des personnages déconstruits, sans passé, sans histoire, sans état
civil. Pourquoi se sont-ils rencontrés et comment, cela n'apparaît
pas. Ils existent dans l'instant de leur parole uniquement, et encore
ils n'en sont pas certains. Leur paroles cherchent toujours à
trouver une vérité qui leur échappe, vérité des événements,
vérité leurs sensations, de leur identité. La résolution de leur
interrogation se fait grâce à une révélation qui était présente
en filigrane dans les premiers échanges de la pièce et qui
deviennent lumineux dans la noirceur des derniers échanges.
(peut-être un petit coup d'éclairs de ténèbres – un jour,
j'expliquerai ce nom). Nous sommes dans une pièce très
caractéristique de l'écriture de Jon Fosse et de beaucoup d'auteurs
contemporains. (je vous renvoie à des essais de Jean-Pierre Ryngaert
et Joseph Danan).
Le
dialogue entre les personnages repose sur un système de questions
répétées, d'assertions, contredites par le personnage lui-même,
puis reprises et auquelles l'interlocuteur (mais le mot convient-il)
répond toujours par un acquiescement. Et là commence un des
problèmes de la version vue il y a quelques jours. Le texte
surabonde de « oui », approbation d'une affirmation de
l'autre, auto-confirmation d'un raisonnement, d'une pensée qui se
cherche. On les a tous très bien entendus, tant ils étaient tapés,
accentués au détriment du reste du texte, peut-être poétique...
Ce martèlement des « oui » gommait toute intention, et
les autres mots sonnaient faux, dépourvus d'intention. Le jeu
proprement dit s'en trouvait décharné. Je sais qu'il ne faut pas
attendre un théâtre classique quand on va voir du Jon Fosse, c'est
pour cela, en partie, qu'il est un de mes auteurs préférés.
Mais...entendre des comédiens qui parlent faux est un supplice.
Quant au jeu, il s'agissait vraiment d'un jeu, destiné à masquer
une carence de mise en scène. J'ai déjà eu l'occasion de parler
d'un jeu qui repose sur une action sur une structure, une
installation. (voir dans les articles de mai), mais dans cette pièce
le jeu sur une structure n'apporte rien. Elle tient de la performance
pure et existe en parallèle à la pièce. A la limite, on pourrait
croire que la performance est interrompue par la pièce. Les 2
comédiens déplacent de grosses caisses en plastiques (casiers de
pêche ou gigantesques lego) qui forment une sorte de pont de navire,
puis un énorme cube, puis des colonnes, puis un escalier qui mène
au sacrifice. Ce jeu disparaît à quelques moments : quand les
personnages partagent une bouteille (on repasse en jeu
hyper-réaliste) quand ils mangent (on ne voit plus les comédiens
partis derrière le cube- mais on entend les bruits traditionnels
d'un repas), quand il y a une tempête (une soufflerie apparaît sur
scène). Il me semble qu'il s'agit plus d'une agitation que d'une
action...et qu'elle nuit au mouvement du texte.
Dans
la salle, le public réagit étrangement. Nous sommes très peu
nombreux, une cinquantaine, vraisemblablement moins. L'attente qui
précède le début du spectacle se fait à voix feutrées, tout
résonne dans la salle vide. La scène ouverte laisse voir la
scénographie, et comme l'attente est longue les esprits ont déjà
bien échafaudé des pistes de lecture. TEtonnamment, la pièce
commence dans la quasi obscurité sur le plateau, rejetant le public.
C'est d'ailleurs ce qui m'a frappée le plus, les manifestations de
la salle. Pendant les premières minutes, un antagonisme violent se
met en place. Il y a ceux qui sont sur scène et ceux qui sont dans
la salle. Entre eux, la haine et la tension qui précède le choc de
deux bandes dans un quartier difficile. Après avoir entendu les
premiers mots sur le plateau, la salle s'écoute elle, le moindre
bruit (chute d'un programme, éternuement, toux, conversation
furtive) est une attente d'un mouvement plus ample et plus belliqueux
qui se tournera vers la scène. Elle cherche à savoir jusqu'à quel
point elle est « une ». Trop sage, elle se replie dans la
léthargie. Une seule tentative, presque suivie : un spectateur
lance à un moment où les comédiens sont cachés derrière un
énorme monolithe de caisses bleu marine « si on profitait
qu'ils sont planqués pour se casser ? ». Amorce de départ
de ses voisins, espoir des plus éloignés rendus à la vie par le
mouvement libérateur qui point. Retour des comédiens, déception,
engourdissement.
Heureusement
il n'y a pas eu de rappel. Je n'ai pas retenu le nom du metteur en
scène, ni des comédiens, était-ce utile ?
vendredi 6 juin 2014
critique : 36 nulles de salon suite
Voici
un nouvel avis qui fait suite et vient enrichir le précédent article critique,
publié en mars, sur les “36 nulles de salon” de Daniel Cabanis.
Je suis allée voir la pièce une nouvelle fois, me demandant si les commentaires faits sur le blog étaient justifiés et si je m'étais trompée sur la qualité de ce que j'avais vu et entendu.
La
pièce a été remaniée. Il y a eu des suppressions, des
déplacements. Les “coutures” sont moins visibles, les séquences
s'enchaînent beaucoup plus rapidement, parfois sans que la
transition apparaisse. La durée a donc considérablement diminué.
Les personnages ont été dirigé subtilement vers un aspect
clownesque (accessoires). La mise en scène de certaines scènes a
été modifiée (instauration d'un jeu au départ ou déplacement des
comédiens sur l'avant-scène – “les soirées du mardi” ). Le
plateau est plus grand et la structure laisse davantage de place au
jeu. Cette structure continue à être modifiée après ce qui était
“la phase d'aboutissement” dans la version précédente.
Dans
la salle ce soir à Tours, le public a ri, applaudi. On sentait une
belle complicité, non pas avec les personnages, mais avec les
comédiens. Il n'y avait aucun doute sur la qualité du plaisir
théâtral partagé. Le public n'avait pas vraisemblablement été
prévenu comme M. Leguen que 95 % des critiques étaient mauvaises,
il se fiait à son propre jugement et passait une soirée agréable,
dans l'esprit de la devise de Jacques Bonnaffé : “élitaire et
pomme de terre”.
Une remarque sur la notion de comique et de tragique schématisée dans un commentaire de l'article précédent. Il s'agit d'un exemple pédagogique créé par un de mes professeurs de philosophie pour aider les élèves à appréhender la notion d'ironie, dans la pensée de Kierkegaard et par extension la notion d'ironie tragique. Des gens s'agitent autour d'un feu, il n'y a rien autour d'eux, leur agitation est dérisoire et décalée, c'est comique, mais s'ils se trouvent dans une pièce close, il s'agitent vainement puisqu'ils sont condamnés, c'est ironique. On pourrait rire comme dans l'autre situation, mais notre connaissance d'un élément qu'ils n'ont pas (la claustration) nous conduit vers le tragique et inhibe le rire.
J'ai retenu cet exemple, parce que m'interressant déjà au théâtre à l'époque, j'ai su que je tenais là une des clefs de la mise en scène et de la direction d'acteurs.
Je vous parlerai dans un article à venir de l'aspect décousu que l'on reproche au texte... et qui me semble plutôt être le contraire.
à suivre


vendredi 28 mars 2014
Critique : 36 nulles de salon
J'attendais avec
impatience les 36 nulles de salon
de Daniel Cabanis. J'avais entendu le texte lors d'une lecture au
Rond-Point, il y a presque 2 ans. La distribution a été conservée :
Olivier Saladin et Jacques Bonnaffé. Étrangement je reconnais, dans
une autre ordre, les textes entendus (ils sont normalement 36 –
mais impossible de les compter, tant on est pris dans leur
enchaînement). Je retrouve les phrases au moment où les comédiens
les échangent. (Dire que je suis incapable de retenir un texte et
que je me souviens du moment exact où la phrase a été prononcée
au Rond-Point, il y a 2 ans). Il ne va pas être facile dans ces
conditions de demeurer dans l'objectivité.
Je
suis en Terra cognita et cela me dispense de la découverte. La
galéjade, la craque qu'était la première lecture a pris du corps,
de l'épaisseur. Nous étions à la limite des brèves de comptoir,
nous voici dans un huis clos, drôle et acide. La présence à la toute fin de textes autour de questions plus existentielles renvoient alors au monde de Beckett... Nous assistons à une fin de partie de vie des deux frères. Et le Godot qu'ils attendent s'appelle officiellement la mort.
Une
répartition différente des voix permet aux deux jumeaux de se
différencier et de former des personnages à part entière, des
personnages plus complexes. Des jumeaux, Mario et Mario ? Ou un
dédoublement comme le triste enfant vêtu de noir qui vient visiter
Musset une nuit de décembre ? Deux personnages qui dans leur
petitesse et la fierté qu'ils en tirent, se permettent de rire des
autres, de façon parfois très cruelle, à la limite de l'épigramme,
forçant le spectateur à rire de leur cruauté. Ils leur arrivent
aussi -malgré eux ? - de faire des jeux de mots ou des
associations très fines.
Sur
le plan de la mise en scène, une alternance se fait entre les temps
de jeu et les temps d'action qui donnent au texte une place
différente, et rythment le spectacle. Le jeu se fait autour d'une
intention et la scène vire parfois à l'exploitation au second degré
d'un stéréotype (le film policier., un couple regardant un film..).
L'action consiste à intervenir sur la scénographie. Le plateau gris
est occupé par une structure de bandes élastiques tendues que les
comédiens/les personnages construisent et déconstruisent
systématiquement, quand elle ne le fait pas d'elle-même. La
structure devient œuvre d'art, tonnelle au soleil, prison,
labyrinthe, cage, animal, univers onirique, instrument de musique,
voisin... On comprend très vite que c'est « le grand oeuvre »
que les deux frères cherchent à réaliser pour parvenir enfin à exister. La lumière souligne ses métamorphoses.
Comme
toujours dans les mises en scène de Jacques Bonnaffé, la musique et
la danse ne sont jamais loin. Comme souvent aussi, les personnages
prennent à certains moment le pouvoir sur le texte pour se commenter
ou commenter leur action de personnage, associant le public.
La
jauge est moyenne. En rapprochant le spectateur de la scène, elle
renforce l'impression d'enfermement des personnages sur eux-mêmes.
Les moments d'affection comme ceux de haine s'amplifient et prennent
les spectateurs à témoin moins qu'ils ne cherchent à les gagner à
la cause de l'un ou de l'autre des 2 Mario. La sympathie passe d'un
jumeau à l'autre au fil des scènes.
L'interprétation
est très riche. Le texte offre à chacun des deux comédiens une
superbe palette à explorer et à exploiter. Le risque aurait été
grand de caricaturer (ce qui se produisait un peu pendant la lecture
au Rond-Point). Il y a dans cette version scénique de la retenue et
des nuances fouillées, plus chez Jacques Bonnaffé* que chez Olivier
Saladin.
Pour
parodier Orwell, je dirai que tous les Mario sont égaux, mais que
l'un est plus égal que l'autre.
* voir les autres articles dans les archives (notamment en septembre, octobre et novembre)
Cet article a été enrichi de deux autres publiés en mai et en juin
- critique de 36 nulles de salon suite
- recoudre le théâtre

Vous hésitez : Si vous aimez les Diablogues de DUBILLARD, foncez, vous passerez un excellent moment. Si vous aimez le théâtre de l'absurde, foncez. Si vous êtes prêts à vous laisser aller, foncez....
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