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lundi 8 décembre 2014

les fourberies de Scapin , de Molière, vues par Jean Sclavis et Emilie Valantin


Il y avait trop peu de monde ce soir à la représentation. Une salle de confidence. Le spectacle en eut encore plus de valeur, valeur de cadeau. Et ce sentiment d'être des privilégiés. Les Fourberies de Scapin. Encore ! Il y avait longtemps que je n'avais pas regardé les fourberies. Je connais la pièce par cœur, j'ai dû en monter quelques scènes, toujours les mêmes, elles rassurent les responsables de structures accueillant des enfants et des adolescents. Je m'ennuie aux fourberies. Si une fois une bonne surprise, il y a vingt ans de cela. La première scène était hilarante, impression vite déçue, le jeu des comédiens n'étaient pas travaillé, ils jouaient vraiment faux et la suite fut un long calvaire.... J'ai subi les fourberies à toutes les sauces : western, cirque, en costume façon banlieue, en copie d'époque, souvent avec des grands noms. Et aujourd'hui, je redécouvre ce que ce classique a de drôle et d'éternel. Il est tout seul, pendant plus d'une heure. Qui, Scapin, Jean Sclavis (le frère de Louis?). Il est à lui seul tous les personnages et leur interlocuteur. Les autres ? Des marionnettes. 1,30 m, presque des adultes, qui marchent, qui ont des mouvements d'humain, des expressions. On se prend parfois à les voir respirer ; Je n'avais qu'une fois cette sensation, à Salzbourg, pendant une représentation de la Flûte enchantée.... Il y a une telle osmose entre les marionnettes et le comédien que notre imagination refuse de n'y voir que des pantins. Jean Sclavis fait toutes les voix en direct. Chaque personnage a ses intonations, sa tessiture, son accent, son passé. Hyacinthe chante même comme un personnage de l'opéra baroque. Souvent le comédien utilise d'un jeu de scène, de position pour dissimuler son articulation à la place d'un personnage. Les entrées et les sorties de scène sont celles des marionnettes et modifient celles du manipulateur (au double sens) puisque Jean Sclavis et Scapin sont ceux qui tirent les ficelles.

L'interprétation au niveau du décor, le port de Naples,( on voit le Vésuve qui fume au loin) permet de gérer les personnages quand ils sont nombreux. Les scènes finales qui regroupent l'ensemble des personnages sont remarquables au niveau esthétique.

Si le jeu du comédien est extraordinaire que dire des marionnettes ? Elles sont à la fois très réalistes et suffisamment caricaturales pour ne pas devenir, malgré la vie qui émane d'elles, des humains. La créatrice Emilie Valantin a eu le génie de faire pour chaque personnage un visage qui exprime tous les sentiments que le personnage est censé éprouver, une modification de position du visage ou un éclairage différent orientent vers une intention ou une autre.

C'est un spectacle magnifique.

Je vous conseille un passage sur le site de la compagnie....

compagnie Emilie Valantin...