Il y avait trop peu de
monde ce soir à la représentation. Une salle de confidence. Le
spectacle en eut encore plus de valeur, valeur de cadeau. Et ce
sentiment d'être des privilégiés. Les Fourberies de Scapin.
Encore ! Il y avait
longtemps que je n'avais pas regardé les fourberies. Je connais la
pièce par cœur, j'ai dû en monter quelques scènes, toujours les
mêmes, elles rassurent les responsables de structures accueillant
des enfants et des adolescents. Je m'ennuie aux fourberies. Si une
fois une bonne surprise, il y a vingt ans de cela. La première scène
était hilarante, impression vite déçue, le jeu des comédiens
n'étaient pas travaillé, ils jouaient vraiment faux et la suite fut
un long calvaire.... J'ai subi les fourberies à toutes les sauces :
western, cirque, en costume façon banlieue, en copie d'époque,
souvent avec des grands noms. Et aujourd'hui, je redécouvre ce que
ce classique a de drôle et d'éternel. Il est tout seul, pendant
plus d'une heure. Qui, Scapin, Jean Sclavis (le frère de Louis?). Il
est à lui seul tous les personnages et leur interlocuteur. Les
autres ? Des marionnettes. 1,30 m, presque des adultes, qui
marchent, qui ont des mouvements d'humain, des expressions. On se
prend parfois à les voir respirer ; Je n'avais qu'une fois
cette sensation, à Salzbourg, pendant une représentation de la
Flûte enchantée....
Il y a une telle osmose entre les marionnettes et le comédien que
notre imagination refuse de n'y voir que des pantins. Jean Sclavis
fait toutes les voix en direct. Chaque personnage a ses intonations,
sa tessiture, son accent, son passé. Hyacinthe chante même comme un
personnage de l'opéra baroque. Souvent le comédien utilise d'un jeu
de scène, de position pour dissimuler son articulation à la place
d'un personnage. Les entrées et les sorties de scène sont celles
des marionnettes et modifient celles du manipulateur (au double sens)
puisque Jean Sclavis et Scapin sont ceux qui tirent les ficelles.
L'interprétation
au niveau du décor, le port de Naples,( on voit le Vésuve qui fume
au loin) permet de gérer les personnages quand ils sont nombreux.
Les scènes finales qui regroupent l'ensemble des personnages sont
remarquables au niveau esthétique.
Si le
jeu du comédien est extraordinaire que dire des marionnettes ?
Elles sont à la fois très réalistes et suffisamment caricaturales
pour ne pas devenir, malgré la vie qui émane d'elles, des humains.
La créatrice Emilie Valantin a eu le génie de faire pour chaque
personnage un visage qui exprime tous les sentiments que le
personnage est censé éprouver, une modification de position du
visage ou un éclairage différent orientent vers une intention ou
une autre.
C'est
un spectacle magnifique.
Je
vous conseille un passage sur le site de la compagnie....
compagnie
Emilie Valantin...