En
avril, j'étais dans le Nord. Je ne suis pas de là, mes ancêtres y
ont longtemps séjourné d'un côté et de l'autre de la ligne en
pointillé qui n'existe que sur les cartes. J'y ai passé mes
vacances d'enfant de chaque côté sur les plages infinies au pied
des falaises de calcaire qui regardent leurs jumelles se refléter
dans l'eau.... ou à l'ombre des beffrois. J'y suis souvent passée pour
retrouver ma famille qu'on appelait « Les Belges », comme
eux nous appelaient « les Français ». J'aime
davantage ce pays à cheval (au nord ou au sud selon qu'on est à Paris ou à Bruxelles), depuis mes ami(e)s aux longues mains de Vermeer,
qu'ils/elles soient d'un côté ou de l'autre. Humbles, qui m'ont
donné avec la patience et la soumission au fil, la générosité.
Gens de Bailleul, de Gembloux, de Jeumont, de Marche, de Coudekerque,
de Hoodschotte, de Sebourg, de Bruges ... vous êtes ma famille et je le lis dans vos bras qui
m'accueillent.
J'étais
donc dans le Nord en avril, à faire cliqueter les bloquets et les
caquets avec les amis aux longues mains.
Immenses
salles qu'imposent une vie associative.
Nous
en bas et à l'étage au-dessus, salle Jean Vilar, des magiciens pour
un concours. Dans la cour, à l'arrière, quelques uns calment leur
impatience en triturant des ballons.
Echange
du mot, du gros mot d'usage qui rend moins seuls ceux qui connaissent
la peur atroce des « avant », la peur qu'on jure de ne
plus tutoyer et qu'on appelle dès qu'elle nous délaisse.
Le
plus jeune d'enter eux ? Le plus inquiet ? fabrique une fleur en
ballons, corolle rose, feuillage vert soutenu. Archétype d'une
mauvaise peinture de maternelle grande section. Il me la tend. Cadeau
impromptu mais merveilleux. Je n'ai à lui offrir qu'un sourire et
une mot unique.
Petit
magicien j'espère que tu as brillé dans la salle du haut. J'ai
promené ta fleur de ballons dans toute la ville avec l'audace d'un
cadeau sorti du cœur. Le regard des autres ? Je n'ai voulu y voir
que la jalousie. Les ballons se sont un peu dégonflés et la fleur a
gagné quelques rides, mais sur mon bureau il y a encore cette fleur
poussée aux doigts d'un magicien. Une fleur qui m'aide parfois.