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jeudi 16 juillet 2015
36 nulles de salon au Théâtre du Rond Point
Voilà, ça y est, oui, maintenant c'est vrai. Ils sont arrivés à Paris. Au Rond-Point !
J'ai déjà écrit plusieurs articles sur ce spectacle :
un de mars 2014 et un autre de juin 2014 (à consulter dans les archives du blog)
Les critiques connus de magazines qui le sont encore plus vont découvrir et donner leur avis...
Relisez les miens qui datent un peu, mais sont toujours d'actualité.
Allez voir surtout.
vendredi 6 juin 2014
critique : 36 nulles de salon suite
Voici
un nouvel avis qui fait suite et vient enrichir le précédent article critique,
publié en mars, sur les “36 nulles de salon” de Daniel Cabanis.
Je suis allée voir la pièce une nouvelle fois, me demandant si les commentaires faits sur le blog étaient justifiés et si je m'étais trompée sur la qualité de ce que j'avais vu et entendu.
La
pièce a été remaniée. Il y a eu des suppressions, des
déplacements. Les “coutures” sont moins visibles, les séquences
s'enchaînent beaucoup plus rapidement, parfois sans que la
transition apparaisse. La durée a donc considérablement diminué.
Les personnages ont été dirigé subtilement vers un aspect
clownesque (accessoires). La mise en scène de certaines scènes a
été modifiée (instauration d'un jeu au départ ou déplacement des
comédiens sur l'avant-scène – “les soirées du mardi” ). Le
plateau est plus grand et la structure laisse davantage de place au
jeu. Cette structure continue à être modifiée après ce qui était
“la phase d'aboutissement” dans la version précédente.
Dans
la salle ce soir à Tours, le public a ri, applaudi. On sentait une
belle complicité, non pas avec les personnages, mais avec les
comédiens. Il n'y avait aucun doute sur la qualité du plaisir
théâtral partagé. Le public n'avait pas vraisemblablement été
prévenu comme M. Leguen que 95 % des critiques étaient mauvaises,
il se fiait à son propre jugement et passait une soirée agréable,
dans l'esprit de la devise de Jacques Bonnaffé : “élitaire et
pomme de terre”.
Une remarque sur la notion de comique et de tragique schématisée dans un commentaire de l'article précédent. Il s'agit d'un exemple pédagogique créé par un de mes professeurs de philosophie pour aider les élèves à appréhender la notion d'ironie, dans la pensée de Kierkegaard et par extension la notion d'ironie tragique. Des gens s'agitent autour d'un feu, il n'y a rien autour d'eux, leur agitation est dérisoire et décalée, c'est comique, mais s'ils se trouvent dans une pièce close, il s'agitent vainement puisqu'ils sont condamnés, c'est ironique. On pourrait rire comme dans l'autre situation, mais notre connaissance d'un élément qu'ils n'ont pas (la claustration) nous conduit vers le tragique et inhibe le rire.
J'ai retenu cet exemple, parce que m'interressant déjà au théâtre à l'époque, j'ai su que je tenais là une des clefs de la mise en scène et de la direction d'acteurs.
Je vous parlerai dans un article à venir de l'aspect décousu que l'on reproche au texte... et qui me semble plutôt être le contraire.
à suivre


vendredi 28 mars 2014
Critique : 36 nulles de salon
J'attendais avec
impatience les 36 nulles de salon
de Daniel Cabanis. J'avais entendu le texte lors d'une lecture au
Rond-Point, il y a presque 2 ans. La distribution a été conservée :
Olivier Saladin et Jacques Bonnaffé. Étrangement je reconnais, dans
une autre ordre, les textes entendus (ils sont normalement 36 –
mais impossible de les compter, tant on est pris dans leur
enchaînement). Je retrouve les phrases au moment où les comédiens
les échangent. (Dire que je suis incapable de retenir un texte et
que je me souviens du moment exact où la phrase a été prononcée
au Rond-Point, il y a 2 ans). Il ne va pas être facile dans ces
conditions de demeurer dans l'objectivité.
Je
suis en Terra cognita et cela me dispense de la découverte. La
galéjade, la craque qu'était la première lecture a pris du corps,
de l'épaisseur. Nous étions à la limite des brèves de comptoir,
nous voici dans un huis clos, drôle et acide. La présence à la toute fin de textes autour de questions plus existentielles renvoient alors au monde de Beckett... Nous assistons à une fin de partie de vie des deux frères. Et le Godot qu'ils attendent s'appelle officiellement la mort.
Une
répartition différente des voix permet aux deux jumeaux de se
différencier et de former des personnages à part entière, des
personnages plus complexes. Des jumeaux, Mario et Mario ? Ou un
dédoublement comme le triste enfant vêtu de noir qui vient visiter
Musset une nuit de décembre ? Deux personnages qui dans leur
petitesse et la fierté qu'ils en tirent, se permettent de rire des
autres, de façon parfois très cruelle, à la limite de l'épigramme,
forçant le spectateur à rire de leur cruauté. Ils leur arrivent
aussi -malgré eux ? - de faire des jeux de mots ou des
associations très fines.
Sur
le plan de la mise en scène, une alternance se fait entre les temps
de jeu et les temps d'action qui donnent au texte une place
différente, et rythment le spectacle. Le jeu se fait autour d'une
intention et la scène vire parfois à l'exploitation au second degré
d'un stéréotype (le film policier., un couple regardant un film..).
L'action consiste à intervenir sur la scénographie. Le plateau gris
est occupé par une structure de bandes élastiques tendues que les
comédiens/les personnages construisent et déconstruisent
systématiquement, quand elle ne le fait pas d'elle-même. La
structure devient œuvre d'art, tonnelle au soleil, prison,
labyrinthe, cage, animal, univers onirique, instrument de musique,
voisin... On comprend très vite que c'est « le grand oeuvre »
que les deux frères cherchent à réaliser pour parvenir enfin à exister. La lumière souligne ses métamorphoses.
Comme
toujours dans les mises en scène de Jacques Bonnaffé, la musique et
la danse ne sont jamais loin. Comme souvent aussi, les personnages
prennent à certains moment le pouvoir sur le texte pour se commenter
ou commenter leur action de personnage, associant le public.
La
jauge est moyenne. En rapprochant le spectateur de la scène, elle
renforce l'impression d'enfermement des personnages sur eux-mêmes.
Les moments d'affection comme ceux de haine s'amplifient et prennent
les spectateurs à témoin moins qu'ils ne cherchent à les gagner à
la cause de l'un ou de l'autre des 2 Mario. La sympathie passe d'un
jumeau à l'autre au fil des scènes.
L'interprétation
est très riche. Le texte offre à chacun des deux comédiens une
superbe palette à explorer et à exploiter. Le risque aurait été
grand de caricaturer (ce qui se produisait un peu pendant la lecture
au Rond-Point). Il y a dans cette version scénique de la retenue et
des nuances fouillées, plus chez Jacques Bonnaffé* que chez Olivier
Saladin.
Pour
parodier Orwell, je dirai que tous les Mario sont égaux, mais que
l'un est plus égal que l'autre.
* voir les autres articles dans les archives (notamment en septembre, octobre et novembre)
Cet article a été enrichi de deux autres publiés en mai et en juin
- critique de 36 nulles de salon suite
- recoudre le théâtre

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