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vendredi 28 août 2015

Plombières les Bains

Je prête aujourd'hui ce blog à une amie qui rentre de cure à Plombières les Bains, dans les Vosges. Je lui prêt ce blog et aussi un peu mon clavier.
Je vous garantie l'authenticité de ce qui va suivre.
Mon amie est prête à négocier les droits pour une adaptation cinématographique.
Elle est convoquée lundi à 10 h. on lui a dit au téléphone de venir un peu avant par précaution. Elle arrive donc à 9h 30 pour attendre son tour jusqu'à 10 h 25. Elle apprend au passage qu'elle vient de rater son premier soin qui était prévu à 10 h 15. Mais par faveur on va la faire passer. On la bouscule : vestiaire pour un peignoir, cabine pour le maillot de bain, escalier en courant parce que l'ascenseur est trop lent, course dans un couloir mouillé. Elle parvient essoufflée et à moitié cassée à la piscine où elle entre sans douche, parce qu'on n'a pas le temps. Enfin, un peu de calme et des mouvements très lents et très limités dans de l'eau chaude : il ne faut pas agresser les articulations : Plombières soigne les rhumatisants... Course contre la montre entre les différents soins. Elle se présente au dernier, avec le maillot du meilleur grimpeur (elle a gravi plusieurs fois et en un temps record les marches des différents étages : sous-sol,  premier, rez-de-chaussée, premier, sous-sol). Trop tard, les employés ont déjà tout nettoyé parce que le centre ferme à 13 h et qu'il est déjà 12 h 30. Elle réussit à avoir une ébauche de soin puis se hâte vers les cabines pour retrouver sa tenue de ville et sort de justesse....
Mardi, soucieuse de ne pas renouveler son exploit de la veille, elle arrive en avance et se présente au vestiaire 10 minutes plus tôt que prévu. L'employée qui attend dans la salle lui refuse son peignoir. Elle est prévue à 10h 10 pas à 10 h ! Elle doit donc faire la queue avec les gens qui s'amassent. Quand la pendule marque 10 h 10 et que la file attend une bonne vingtaine de personnes, l'employée commence la distribution des peignoirs. Nouvelle ruée vers les cabines déjà occupées par ceux qui sortent du centre.... Raté, elle est à nouveau en retard. Heureusement, elle n'est pas la seule. Aux bains hydromassants, il y a 40 minutes de retard. L'heure du soin qui suit est déjà passée, elle se lève pour partir. Hurlement de la responsable du secteur qui la somme de rester à sa place. Elle devra à nouveau supplié qu'on l'excuse d'un retard qui n'est pas le sien aux autres secteurs. La responsable, arpente l'allée entre les cabines, comme Bonaparte avant la bataille des Pyramides, et se prend pour le fils de Jean Le Bon « cabine à droite, cabine à gauche ». Une jeune esclave polonaise appelée... (il n'y a que dans les publicités que les grille-pain ont un nom) se précipite pour nettoyer, préparer, installer le patient pendant que la supérieure continue à faire les cents pas en aboyant les ordres de bataille. La jeune fille semble fragile, elle est triste, on la sent qui dégouline de l'intérieur, qu'elle a compris que sa difficulté à parler français, sa jeunesse, son statut de travailleuse étrangère l'ont condamnée à subir le despotisme.
Mercredi. Mon amie a mis au point une stratégie : elle va se mettre en maillot de bain dès son arrivée, range ses affaires dans le placard, puis va chercher son peignoir en retraversant tous les couloirs ? D'accord elle a froid et tout le monde peut voir ses articulation déformées, mais au moins elle ne sera pas en retard à la piscine pour les mouvements censés la soulager. Raté. Elle se présente à la piscine à 10 h 29 pour 10 h30. Elle est bien inscrite, mais il n'y a plus de place. La femme qui s'occupe ce jour-là des exercices a fait entrer dans l'eau un couple d'amis avec leurs jeunes enfants. Mon amie menace de scandale et finit par entrer dans la piscine. Les curistes font d'ailleurs un peu ce dont ils ont envie : l'animatrice s'occupe presque exclusivement du jeune garçon. C'est vrai y en a marre de ces vieux tordus et souffreteux qui viennent faire chier les gens à Plombières. Vive la jeunesse !
Jeudi. Rien à dire. Les soins ont été supprimés. Le problème apparu mercredi en fin de matinée ne s'était pas arrangé tout seul pendant la nuit , au contraire il s'était même aggravé. Et on ne parvenait pas à colmater le tuyau d'alimentation. Alors pensez, on a dû supprimer des soins. C'est vrai, il faut comprendre, c'est pas facile de faire fonctionner un établissement thermal sans eau.....
Vendredi. Mon amie reprend sa stratégie de vestiaire et parvient à être à l'heure. D'autant plus qu'elle se présente à n'importe quel moment aux soins, se fiant simplement à la longueur de la file d'attente. C'était ça le truc...

Samedi : Merveilleuse journée. Mon amie est allée, le vendredi soir, à une petite fête dans un village voisin Girmont de Val d'Ajol : marché paysan, animation, bonne bouffe, bonne boisson, des gens sympas … Elle a décidé de se promener dans la région, de bien manger, de bien boire, avec modération. Ah la cure à Plombières a finalement un bon côté... quand on ne fréquente pas les Thermes Napoléon...  

mercredi 26 août 2015

le texte et l'écran

Je commence aujourd'hui une rumination qui va durer certainement une grande partie de l'automne. 

A l'origine, je pensais faire un texte de réflexion. il a été commencé puis abandonné puis repris et modifié. Il est à un stade assez avancé, mais lourd, compliqué, pleins de contradictions ou d'exceptions, de nuances... Bref, vous l'avez compris illisible comme tel. 

Le point de départ de ma rumination est une conférence sur le conte et le conteur à laquelle j'ai assisté, il y a maintenant deux ou trois ans. Un comédien- conteur avec lequel je travaille très régulièrement intervenait. Au cours du débat, il s'est écrié :
 "pas de texte pour le conteur, le texte est un écran !". 

Sur l'instant, cette assertion, dans sa véhémence, m'a semblé une évidence. Je ne m'imagine pas quand je conte tenir un livre ou une feuille dans les mains. 
Et pourtant je me souviens d'un conteur, lors d'une promenade contée dans la forêt de Joux (Jura français) , qui avait avec lui le livre de contes qu'il avait écrits et dans lequel il puisait les histoires qu'il proposait à notre écoute. Le livre n'était pas consulté, mais il était présent physiquement et à la fin de l'après-midi, nous avons pu le prendre en main, le consulter. Il était référence et prouvait que nous n'avions découvert qu'une partie des contes possibles. Le statut de ce conteur se révélait un peu complexe, puisqu'il oralisait les contes, mais se déclarait aussi auteur publié des contes qu'il nous offrait. 
Depuis, je me pose souvent la question, dans mon activité de conteuse, de la notion d'écran lors des racontées. Ecran voulu, écran imposé, écran imposé, écran recherché, écran inhibiteur ou écran générateur d'imaginaire. 
Ma question s'élargit aussi à la présence du texte en tant qu'écran (et de quelle substance) lors des lectures performances... 
Vous le voyez la question est vaste.... 
A creuser....