Je prête aujourd'hui ce
blog à une amie qui rentre de cure à Plombières les Bains, dans
les Vosges. Je lui prêt ce blog et aussi un peu mon clavier.
Je vous garantie
l'authenticité de ce qui va suivre.
Mon amie est prête à
négocier les droits pour une adaptation cinématographique.
Elle est convoquée lundi
à 10 h. on lui a dit au téléphone de venir un peu avant par
précaution. Elle arrive donc à 9h 30 pour attendre son tour jusqu'à
10 h 25. Elle apprend au passage qu'elle vient de rater son premier
soin qui était prévu à 10 h 15. Mais par faveur on va la faire
passer. On la bouscule : vestiaire pour un peignoir, cabine pour
le maillot de bain, escalier en courant parce que l'ascenseur est
trop lent, course dans un couloir mouillé. Elle parvient essoufflée
et à moitié cassée à la piscine où elle entre sans douche, parce
qu'on n'a pas le temps. Enfin, un peu de calme et des mouvements très
lents et très limités dans de l'eau chaude : il ne faut pas
agresser les articulations : Plombières soigne les
rhumatisants... Course contre la montre entre les différents soins.
Elle se présente au dernier, avec le maillot du meilleur grimpeur
(elle a gravi plusieurs fois et en un temps record les marches des
différents étages : sous-sol, premier, rez-de-chaussée,
premier, sous-sol). Trop tard, les employés ont déjà tout nettoyé
parce que le centre ferme à 13 h et qu'il est déjà 12 h 30. Elle
réussit à avoir une ébauche de soin puis se hâte vers les cabines
pour retrouver sa tenue de ville et sort de justesse....
Mardi, soucieuse de ne
pas renouveler son exploit de la veille, elle arrive en avance et se
présente au vestiaire 10 minutes plus tôt que prévu. L'employée
qui attend dans la salle lui refuse son peignoir. Elle est prévue à
10h 10 pas à 10 h ! Elle doit donc faire la queue avec les gens
qui s'amassent. Quand la pendule marque 10 h 10 et que la file attend
une bonne vingtaine de personnes, l'employée commence la
distribution des peignoirs. Nouvelle ruée vers les cabines déjà
occupées par ceux qui sortent du centre.... Raté, elle est à
nouveau en retard. Heureusement, elle n'est pas la seule. Aux bains
hydromassants, il y a 40 minutes de retard. L'heure du soin qui suit
est déjà passée, elle se lève pour partir. Hurlement de la
responsable du secteur qui la somme de rester à sa place. Elle devra
à nouveau supplié qu'on l'excuse d'un retard qui n'est pas le sien
aux autres secteurs. La responsable, arpente l'allée entre les
cabines, comme Bonaparte avant la bataille des Pyramides, et se prend
pour le fils de Jean Le Bon « cabine à droite, cabine à
gauche ». Une jeune esclave polonaise appelée... (il n'y a que
dans les publicités que les grille-pain ont un nom) se précipite
pour nettoyer, préparer, installer le patient pendant que la
supérieure continue à faire les cents pas en aboyant les ordres de
bataille. La jeune fille semble fragile, elle est triste, on la sent
qui dégouline de l'intérieur, qu'elle a compris que sa difficulté
à parler français, sa jeunesse, son statut de travailleuse
étrangère l'ont condamnée à subir le despotisme.
Mercredi. Mon amie a mis
au point une stratégie : elle va se mettre en maillot de bain
dès son arrivée, range ses affaires dans le placard, puis va
chercher son peignoir en retraversant tous les couloirs ?
D'accord elle a froid et tout le monde peut voir ses articulation
déformées, mais au moins elle ne sera pas en retard à la piscine
pour les mouvements censés la soulager. Raté. Elle se présente à
la piscine à 10 h 29 pour 10 h30. Elle est bien inscrite, mais il
n'y a plus de place. La femme qui s'occupe ce jour-là des exercices
a fait entrer dans l'eau un couple d'amis avec leurs jeunes enfants.
Mon amie menace de scandale et finit par entrer dans la piscine. Les
curistes font d'ailleurs un peu ce dont ils ont envie :
l'animatrice s'occupe presque exclusivement du jeune garçon. C'est
vrai y en a marre de ces vieux tordus et souffreteux qui viennent
faire chier les gens à Plombières. Vive la jeunesse !
Jeudi. Rien à dire. Les
soins ont été supprimés. Le problème apparu mercredi en fin de
matinée ne s'était pas arrangé tout seul pendant la nuit , au
contraire il s'était même aggravé. Et on ne parvenait pas à
colmater le tuyau d'alimentation. Alors pensez, on a dû supprimer
des soins. C'est vrai, il faut comprendre, c'est pas facile de faire
fonctionner un établissement thermal sans eau.....
Vendredi. Mon amie
reprend sa stratégie de vestiaire et parvient à être à l'heure.
D'autant plus qu'elle se présente à n'importe quel moment aux
soins, se fiant simplement à la longueur de la file d'attente.
C'était ça le truc...
Samedi :
Merveilleuse journée. Mon amie est allée, le vendredi soir, à une
petite fête dans un village voisin Girmont de Val d'Ajol :
marché paysan, animation, bonne bouffe, bonne boisson, des gens
sympas … Elle a décidé de se promener dans la région, de bien
manger, de bien boire, avec modération. Ah la cure à Plombières a
finalement un bon côté... quand on ne fréquente pas les Thermes
Napoléon...