Mais dans les rues
passantes, les anciens axes romains du Vieil Avignon, cardo et
decumanus....
Peut-on parler de
théâtre ? Oui, ne soyons pas intellectualistes, l'atellane et la
farce ont toujours coexisté avec la grande comédie et la tragédie.
Ce qui choque peut-être le plus les amateurs de théâtre, c'est la
situation géographique et l'emprise visuelle de ces spectacles :
vous avez le choix à tout heure entre les pires créations du
théâtre de boulevard (non, le théâtre de boulevard est codifié
et répond à des critères éthiques), jouées par des comédiens
dont on peut se demander s'ils sont professionnels ou amateurs, des
humoristes qui confondent spiritualité et impudence et qui croient
être drôles parce qu'ils sont vulgaires à bon marché. Qu'on ne
m'accuse pas de pruderie. J'aimais beaucoup Cabu et Charb, les hommes
et leur travail. Je hurle de rire devant certains dessins de Charlie
Hebdo. (mais parce que même la pornographie peut servir à nous
éclairer sur notre monde) Jean Pierre Verheggen est un de mes
auteurs préférés et je suis parfois sidérée par la justesse de
son observation de notre société. Ce qui ne m'empêche pas de
savourer l'écriture de Musset, de Pierre Michon ou de Marcelline
Desbordes-Valmore. Mais dans ces théâtres, on sent avant tout le
fric. Il faut faire de l'argent en attirant un public facile qu'on
flatte dans ce qu'il a de plus trivial. Les producteurs savent qu'il
y a de l'argent à prendre et se servent. Les comédiens y
trouvent-ils leur compte ? Et les spectateurs ? On les
rencontre plus souvent à la sortie de films « franchouillards »
comme si la France était un pays de « 50 millions d'abrutis »
(merci Michel Sardou). De ces spectacles, les critiques ne parlent
pas, trop occupés à descendre des pièces qui ne rentrent pas dans
la norme. Il n'y a donc aucune raison qu'ils ne se multiplient pas de
façon exponentielles au détriment des autres propositions. Tous les
ans des salles se reconvertissent pour les accueillir … Au royaume
du fric, le théâtre doit faire profit.
Il s'agit là d'une
peinture très grossière et très orientée, d'une caricature bien
en dessous ce que pouvait faire Cabu, mais la question se pose à
Avignon encore plus qu'ailleurs : qu'est-ce que le théâtre
aujourd'hui ?