Je viens d'apprendre le décès de cet immense poète. Ces quelques lignes ne viennent que pour vous suggérer de lire ses textes. Peut-être en commençant par ce qu'on dit de lui sur le Printemps des Poètes, ...
Ludovic Janvier - Printemps des Poètes
mardi 26 janvier 2016
samedi 16 janvier 2016
là où commence le jour
Vous pourriez croire qu'il s'agit d'une fin ... Et si c'était un début, le début de notre histoire, de notre vie, le début de notre rapport au monde et à nous-mêmes.
C'est surtout un appel à l'urgence, car il ne vous reste plus que quelques jours pour profiter de cette magnifique exposition au LAM, à Villeneuve d'Ascq, dans le cadre de Lille 3000.
Vous dire que j'ai beaucoup aimé cette exposition est une litote, un euphémisme. Je n'avais l'intention que d'y passer une petite 1/2 heure, j'y suis restée presque 2 heures, tant la scénographie et les oeuvres choisies parlent à l'imaginaire. C'est une aventure qu'on vit au fil des salles.
Il faut dire que chacun y trouve matière à lâcher son imaginaire. Des incunables côtoient des vidéos , des performances filmées. Les oeuvres classiques voisinent les pièces d'art brut.
Et nous sommes interpellés à chaque instant par la notion d'illusion, d'imaginaire. Des phrases d'auteurs contribuent aussi à faire de ce voyage un moment d'une grande poésie.
Il y a bien d'autres propositions dans le cadre de Lille 3000, mais ce "là où le jour commence" est incontournable et laisse des souvenirs émotionnels intenses...
lundi 11 janvier 2016
métamorphoses lensoises
J'ai passé beaucoup de
temps dans le Nord entre Noël et l'an, comme on dit chez moi,
comprendre aussi une période qu'on appelle la vieille semaine, enfin
pour être sûr de me faire comprendre par tout le monde : la
semaine qui termine le mois de décembre. Promenade dans le vieux
Lille, autour de la citadelle, passage obligé par le Furet du
Nord....une petite merveille achetée : Astérix pi Obélix
ch'live in Dor.
Je comprends presque
tout ; Très inquiétant pour quelqu'un qui est censé apprendre
le flamand d'urgence...
Petit passage à Lewarde
en prévision de quo qui di …
Et puis une grande
journée consacrée au Louvre Lens...
Plusieurs expositions à
y voir.
Je parlerai surtout de
Métamorphoses. L'exposition
dure jusqu'à fin mars. Vous avez donc largement le temps d'y aller.
Elle varie, inévitablement en fonction des œuvres prêtées par le
Louvre à son petit frère de septentrion. Je n'ai pas trouvé le
Picasso que j'espérais voir : déjà reparti... de même que la
sculpture de Rodin. Pas besoin de connaître le texte d'Ovide (que je
vous conseille malgré tout de fréquenter un peu -avant ou après -)
Quelques cartels expliquent assez bien la métamorphose ou le passage
de la mythologie qui a inspiré les artistes. C'est surtout la poésie
et la sensualité qui me sont restées de cette courte visite. Elle
est installée dans la dernière partie du bâtiment celle qui ouvre
sur les jardins, à l'intérieur des bulles du pavillon de verre. On
passe de l'une à l'autre presque gêné par l'intrusion de réalité
des arbres vivants de l'autre côté des vitres.
Il
y là surtout une sculpture de Narcisse d'Ernest Eugène Hiolle, mise
encore plus en valeur par une scénographie troublante.
Un
vase art déco représentant Persée et Andromède... Thème très
exploité de Uccello (christianisé dans une version Saint Michel
délivrant la princesse du dragon)...
Une
œuvre en création, interactive autour de la légende
d'Arachnée. La structure d'une gigantesque toile d'araignée est
installée sur toute la longueur d'une vitre. Les visiteurs peuvent y
apporter leur contribution en ajoutant, en retirant, en déplaçant
des fils... Un très beau clin d'oeil à la fois à la mythologie et
à l'artisanat de la région. Il faudrait vérifier, mais il me
semble que la Région du Nord- Pas de Calais est celle qui regroupe
le plus grand nombre de dentellières pratiquantes.... et qu'elle
ouvre ses portes aux créations contemporaines dans ce domaine.
(expositions à Valenciennes ou Caudry).
Je
voudrais revenir à Ovide et à ses Métamorphoses. Il faut lire ce
livre, parce qu'il est un précurseur des grands contes, parce qu'il
est un témoignage d'une époque et d'une culture, parce qu'il parle
de la nature humaine dans sa gloire et ses turpitudes... Mais si vous
pouvez le lire en latin, c'est encore mieux. Ovide est un des plus
grands poètes de tous les temps et Mme Najat
Vallaud-Belkacem
est en train de l'interdire, non de le réserver à une élite issue
de l'enseignement privé.
Il
y a quelques années à la demande d'une comédienne qui montait un
spectacle de mimes sur les Métamorphoses, j'ai fait une sélection
de phrases dans les métamorphoses qu'elle avait choisies, elles
étaient dites par une didascalienne en latin, puis traduites par une
autre. On avait aussi préparer un surtitrage vidéo. J'ai dû faire
la traduction. Pas facile, et surtout un moment bouleversant. Un
texte dur l'inceste. Une fille amoureuse de son père profite d'une
fête qu'il organise pour se donner à lui en profitant de son
ivresse. La servante qui est la confidente de la fille la fait entrer
dans la salle de l'orgie en disant simplement « Ista est ».
Deux mots pour dire tout le drame, pour annoncer la malédiction qui
en suivra, pour blâmer un acte qui la choque et pour avertir le père
du piège qui lui est tendu. Comment dire cela en si peu de mot en
français. «est », pas de problème : « voilà,
voici ». Mais ce « ista » ! C'est un pronom
démonstratif qui dénigre : il indique que la personne qui
arrive est la putain que le père attendait, mais aussi il montre la
déchéance à laquelle s'offre la jeune fille.
Ce
pronom démonstratif marque aussi un lien à la seconde personne :
on peut comprendre « elle est pour toi » mais également
« elle est de toi » une fille pour toi, ta fille, ta
fille pour toi...Toute la métamorphose (la jeune fille deviendra un
arbre pour ne pas allaiter l'enfant qu'elle a conçu pendant cette
nuit orgiaque) est déjà dans l’ambiguïté du pronom.
C'est
peut-être un peu de cela que j'ai retrouvé dans l'expostion.
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