Vania est mort pour la France. Vania un Russe qui a abandonné sa mère patrie pour les bourbiers de la Marne de la Grande Guerre. Le texte est une commande du Département de la Marne dans le cadre de la commémoration du centenaire de la Première Guerre Mondiale. Pascal Adam a écrit le texte et Yves Béraud assure à l'accordéon la partie musicale.
Le conteur et comédien
Fred Pougeard incarne le texte.
Quel âge Vania a-t-il ?
Le texte est vague là-dessus, comme sur sa vie d'avant. On lui
imagine l'âge du comédien et sa mort en est plus cruelle, car Vania
commence par finir, par mourir lors de l'attaque commandée par
Nivelle. Il sera enterré dans le cimetière russe de Saint-Hilaire
dans la Marne ; Une chapelle et un petit ermitage assurent une
présence russe autour des nombreuses tombes.... voilà pour le
contexte historique et le rapport avec le département.
Les dernières heures de
Vania sont donc les premières minutes du spectacle. Moment fort que
porte avec force Fred Pougeard. L'issue est connue de tous,
impossible de faire du suspens sur cette offensive qui a coûté la
vie à tant d'hommes. La voix monte, le ton s'emporte, puis se
fatigue, cherche à retrouver de l'énergie, la dernière énergie.
C'est un exercice dans lequel excelle le comédien. (il faut avoir vu
L'oiseau qui dit non pour en
mesurer toute la puissance). Au moment final, comédien et auteur se
rejoignent dans une sobriété qui refuse le pathétique au profit de
l'humain.
Vania
n'a pas d'histoire particulière, il n'est qu'un parmi tant d'autres
avec ses doutes, ses peurs, ses rires, sa nostalgie (soutenue par des
chansons assez nombreuses). On lui ment sur la situation en Russie,
sur la situation en France, sur la situation en Allemagne. Il erre
d'une scène de combat à un hôpital, à une chambrée. Au sol, dans
un décor minimaliste, son pardessus, comme une défroque, ou une
chrysalide abandonnée au dernier instant. En adoptant un jeu un peu
en retrait à la façon des conteurs qui ne deviennent jamais
vraiment les personnages dont ils content l'histoire, Fred Pougeard
renforce l'universalité de Vania. Au spectateur de faire le chemin
supplémentaire.
Performance
du texte. Non, tout est trop réglé, mis en scène, répété,
maîtrisé.
Performance
de comédien, oui. Avec à nouveau ce sentiment déjà souvent
éprouvé que les comédiens de notre XXI ème siècle ne sont plus
en attente de personnages ou de grandes fresques, qu'ils se veulent
libérés des metteurs en scène re-créateurs des grands œuvres,
qu'ils cherchent dans des récits souvent poétiques mais à la
limite de l'écriture pour le plateau une autre façon de partager le
texte d'une façon nouvelle, plus directe, dans un contact réinstauré
entre la scène et le public.