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mardi 26 mars 2019

la beauté : finir le printemps en B


Et vive la beauté

Refrain

Et vive la beauté dé dé dé démesurée
à bas les corps for for for matés
à bas l'académisme de la beauté
la beauté sté sté sté stéréotypée

1
Vive les genoux qui dérapent et les jambes qui boitent
faites défiler la perfection de vos imperfections
ne soyez pas une star soyez une galaxie
ne soyez pas la miss univers
soyez la miss terre la miss astrale
ayez les pieds trop longs
ne râpez pas votre menton ne limez pas vos hanches
que vivent les tout petits petons et les grands nez mirlitons
explorez les capacités insensées de votre corps animal
vive les ventres ronds
laissez respirer vos formes et vos narines
ouvrez vos pavillons
jouez des globes dans les sens pagaillez vos cheveux
claquez de la langue et salivez vos postillons.

2

Laissez flotter les poils de votre dos comme une cape de Zorro
mettez des rubans dorés sur vos rondeurs
qu'ils soient petits vos lolos ou gros vos nichons
de toutes façons que vivent vos mamelles
et vos dents en avant qu'elles claquent dans le vent
et vos bouches de travers laissez-y entrer l'air
ne camouflez pas vos imperfections elles sont votre respiration
et d'ailleurs il n'y a pas pas pas pas d'imperfections
Toute votre épopée danse danse danse et modèle votre peau.

Laurence Vielle

Ré – création du Monde


lundi 18 mars 2019

Où vont les robes la nuit ? (Dominique Sampiero)


Le silence de la nuit qui commence . Lecture du soir. Rendez-vous avec l'écriture. Une pile de livres : les obligés, les coups de cœur, les arrivés là on ne sait pas comment ni pourquoi. Deux gagnent la bataille et sur la ligne finale n'arrivent pas à se départager. Parier sur leur envie de s'affronter.
L'anthologie Beauté éphéméride pour chanter la vie préparée par Bruno Doucey et Thierry Renard
Où vont les robes la nuit ? De Dominique Sampiero
Le premier est une somme, l'autre un de ces opuscules qu'il faut dénicher dans les rayons des libraires que ne savent le classer : roman, nouvelle, poésie ou récit de vie .
S'attaquer d'abord à la somme, y picorer. Des pages pleines d'une écriture dense, parfois une rupture qui veut donner la photographie d'une poésie. Des auteurs que je connais, d'autres dont j'ai déjà lu des textes... Pas de souffle, pas de rythme. C'est un travail colossal, impressionnant. Le livre me tombe des mains, énorme et pléthorique. Les textes à ne savoir que faire, des textes à ne savoir qu'en faire.. Les lire ? À haute voix ? Pour soi ? Pour les autres ? Les piller pour tromper l'appétit de l'ogre poésie qui gronde depuis qu'il a vu la pile de livres. Abandon.
Je prends le livre de Dominique Sampiero. Livre fragile et quasi impondérable comme l'écriture qu'il enlace. De petits textes, justifiés, qui occupent le milieu de la page sur quelques lignes. Un, puis l'autre, et le livre me tombe des mains. Fulgurance de la poésie. Elle est là, dans les mots, les réticences, les images, les rythmes. Est-elle forme ou contenu ? Forme, je crois, forme (forma en latin désigne la Beauté) Elle dévore et explose, vous dérange. Plus en 3 lignes qu'en un long texte. Cette poésie, sans s'en donner l'air, vous foudroie. La beauté d'une fleur, la blessure d'une fleur. La beauté a-t-elle résolument fui les parcours officiel, balisé, labellisé ? Elle est là insolente d'ingénuité, de simplicité, d'humilité, de pudeur. Sa voix sort de l'écriture, la double, la remplace. Le thème est noir, triste, même s'il ne s'avoue pas directement, se faufile, se confie autant qu'il se défie. Mais l'écriture est lumineuse. Elle s'installe en vous, vous appelle d'une page à l'autre. Je repose sur la pile l'anthologie colossale qui a réussi à canaliser et à définir la Beauté. L'autre livre, où vont les robes la nuit ?, m'accapare, je le lis, le relis, à l'endroit, à rebours. Je vis ma nuit en parallèle de la nuit félonne de 14 février qu'il transcrit. Abîme. La poésie est abîme qui nous conduit au secret de nous-mêmes.

mercredi 13 mars 2019

La beauté, la suite... Printemps, Printemps des Poètes oblige

Allez, on continue sur le Printemps des Poètes :  La Beauté....


VÉNUS ANADYOMÈNE


Comme d’un cercueil vert en fer-blanc, une tête
De femme à cheveux bruns fortement pommadés
D’une vieille baignoire émerge, lente et bête,
Montrant des déficits assez mal ravaudés ;

Puis le col gras et gris, les larges omoplates
Qui saillent ; le dos court qui rentre et qui ressort.
— La graisse sous la peau paraît en feuilles plates ;
Et les rondeurs des reins semblent prendre l’essor…

L’échine est un peu rouge, et le tout sent un goût
Horrible étrangement, — on remarque surtout
Des singularités qu’il faut voir à la loupe…

Les reins portent deux mots gravés : Clara Vénus ;
— Et tout ce corps remue et tend sa large croupe
Belle hideusement d’un ulcère à l’anus.

Arthur Rimbaud


Printemps des Poètes la suite....


Pour continuer sur le Printemps des Poètes 2019 La Beauté, voici un des textes retenus... 


A CHAROGNE

Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,
Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.
Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.
Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un œil fâché,
Épiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.
Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
À cette horrible infection,
Étoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !
Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.
Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !


Charles Baudelaire


mardi 12 mars 2019

Printemps de poètes 2019 la beauté ???

Voici un autre texte pour mon anthologie ...

De François Morel


Paroles de la chanson Striptease par François Morel



Quand sur le parquet de chez moi 
Tu abandonnes 
Ton manteau ta jupe tes bas 
Je déraisonne 
Quand tu ôtes tous tes bijoux 
Je crie youpi 
On me confond avec le loup de Tex Avery 
Quand tu déchausses tes lunettes 
D'un air coquin 
Je pourrais fumer la moquette 
Et les coussins 
Quand tu enlèves ton chemisier 
J'échoue je sue 
Quand tu dégrafes ton bustier 
Je n'en peux plus 


Chaud 
C'est chaud ton numéro 
Ton intégral striptease 
Détrempe ma chemise 

Quand tu retires ta perruque 
Élégamment 
Ça me fait tout un tas de trucs 
Au subconscient 
Quand tu déposes ton dentier 
Dans un verre d'eau 
Je deviens tout émoustillé 
Presque histéro 

Chaud 
C'est chaud ton numéro 
Ton intégral striptease 
Détrempe ma chemise 


Quand tu quittes ton oeil de verre 
Lascivement 
J'ai le palpitant qui accélère 
Qui me chauffe les sangs 
Quand tu dévisses ta jambe de bois 
Et tes prothèses 
C'est comme si j'avais la foi 
De sainte Thérèse 

Chaud 
C'est chaud ton numéro 
Ton intégral striptease 
Détrempe ma chemise 

Chaud 
C'est chaud ton numéro 
Ton striptease intégral 

Est vraiment intégral

samedi 16 février 2019

La beauté Printemps des Poètes 2019

Voici un texte de mon anthologie personnelle pour Printemps des Poètes

ET vive la Beauté

Refrain

Et vive la beauté dé dé dé démesurée
à bas les corps for for for matés
à bas l'académisme de la beauté
la beauté sté sté sté stéréotypée

1
Vive les genoux qui dérapent et les jambes qui boitent
Faites défiler la perfection de vos imperfections
ne soyez pas la miss univers
soyez la miss terre la miss astrale
ayez les pieds trop longs
ne rapez pas votre menton ne limez pas vos hanches
que vivent les tout petis petons et ls grands nez mirlitons
explorez les cavités insensées de votre corps animal
vive les ventres ronds
laissez respirer vos formes et vos narines
ouvrez vos pavillons
jouez des globes dans tous les sens pagaillez vos cheveux
claquez de la langue et salivez vos postillons

2
Laissez flotter les polis e votre dos comme une cape de Zorro
mettez des rubans dorés sur vos rondeurs
qu'ls soient petits vos lolos ou gros vos nichons
de toutes façons que vivent vos mamelles
et vos dents en avant qu'elles claquent dans le vent
et vos bouches de travers laissez-y entrer l'air
ne camouflez pas vos imperfections elles sont votre respiration
et d'ailleurs il n'y a pas pas pas pas d'imperfections
Toute votre épopée danse danse et modèle votre peau

Laurence Vielle  Récréation du Monde Bookleg n° 27 editions Maelström Bruxelles  

Après sa mort on peut devenir parrain du Printemps des Poètes


Voici le document dont se sert Le Printemps des Poètes pour la communication  de ses événements. 
Pour ceux qui ne reconnaîtrait pas l'image: il s'agit à la base d'une photo de Gérard Philipe. 
Le tableau est une oeuvre de Gérard Fromanger qui porte le titre "Gérard Philipe dans le Prince de Hombourg". 
Pour ceux d'entre vous qui ne connaîtraient pas Gérard Philipe, il s'agit d'un des comédiens les plus populaires de la fin des années 40 et des années 50. Il était né en 1922 et est mort en 1959 (il y a 60 ans). Il n'avait que 36 ans, il est mort 15 jours avant ses 37 ans. Pour toute une génération, il symbolisa la jeunesse qui échappait de la guerre et rêvait de construire un monde nouveau. Il symbolisa la jeunesse simplement parce qu'il ne connut jamais la vieillesse. Il symbolisa aussi la beauté parce qu'il était correspondait aux critères de l'idéal masculin à cette époque et parce qu'il avait joué dans  "la beauté du diable" où il incarnait Méphistophélès et le jeune Faust. Incarnation de la beauté et de la jeunesse, il devint vite un des plus grand nom du théâtre et du cinéma. Il contribua à la réussite du Festival d'Avignon. Mais il fut aussi un des comédiens qui révolution le jeu théâtral en imposant le naturel dans la déclamation, il fut engagé politiquement, et présida un temps le syndicat des acteurs français,  il fit découvrir en France des écrivains engagés. Passionné de poésie, il fit connaître au grand public Henri Pichette notamment, en portant un de ses textes sur la scène, avec Maria Casarès. 
Il fut l'idole des plusieurs générations et pour de nombreuses personnes, cette image est mythique et reconnaissable entre toutes : La mort du prince de Hombourg. 
La voir apparaître comme symbole d'un printemps des poètes qui renoue avec la mièvrerie et le misérabilisme émotionnel est profondément choquant. Il s'agit d'une manœuvre pour cautionner par la référence à un mythe du théâtre des propos contre lesquels il se serait insurgé. Les manuscrits qu'il a laissés permettent d'imaginer que la suite de la carrière qu'il envisageait allait vers la difficulté, la politique, l'analyse humaine... le choix de Ripois ou de Valmont dans ses derniers films confirment cette intention.
Comment l'imaginer garant d'un Printemps des Poètes qui a perdu sa vigueur.
Le seul avantage, c'est qu'on ne risque pas en choisissant Gérard Philipe de le voir venir un scandale le jour de l'inauguration officielle...A moins et ce serait drôle : le long spectre blanc du Prince de Hombourg venant jouer Hamlet .. "Il ya quelque chose de pourri dans le royaume de Danemark"...