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vendredi 1 juillet 2016

Sans famille à La Cassine

Et voilà, deuxième représentation à La Cassine. Sans famille d'après Hector Malot. Les gradins sont pleins, les salles de restauration l'étaient aussi. La pluie a cessé et le soleil se couche en beauté derrière le cimetière communal.
La fête s'annonce belle. Les bénévoles sont sur le pied de guerre. Dès que la nuit s'étend, le décompte commence dans les tribunes. Le spectacle est très professionnel. Système de projecteurs directionnels qui passent des gradins à la scène. La sono est impeccable, pas de crachouillis. L'enregistrement des annonces est parfait. Oui, la fête s'annonce belle.
Deux heures de spectacle, une quantité de tableaux, une foule de bénévoles et un comédien professionnel qui a prêté sa voix. C'est celui qui jouait le rôle de Rémi dans la série télévisée. Le ton est donné, le spectacle imite la série : Vitalis et Rémi sont des clones de Pierre Richard et de Jules Sitruk et tout reproduit les scènes fortes de cette version. La voix de Rémi est assurée par Fabrice Josso, un comédien qui frôle la cinquantaine et qui a interprété le rôle de Rémi dans un feuilleton de 1981.... (19 ans avant la version avec Pierre Richard).
Les décors sont splendides, les costumes merveilleux. Tout est d'un réalisme parfait. Et le feu d'artifice final digne du lieu. C'est un joli spectacle de fin de soirée d'été, dans le style de ce qui fait aimer la Cassine. D'anciens décors sont repris, et on se souvient avec plaisir des spectacles où ils apparaissaient.
Il y a même un moment très beau : la mort de Vitalis, avec une trouvaille qui évite le mélodramatique et conserve son aspect « soirée d'été » au spectacle. Très beau moment aussi que celui de la préparation du récital... Enfin du son et lumière réfléchi !
Alors pourquoi ce sentiment de gâchis qui me reste au-delà du plaisir. Il y a des temps morts, des lenteurs (cachées par les applaudissements frénétiques des amis invités – un concours s'organise d'un gradin à l'autre- très bien au niveau de la cohésion du public, on est une grande famille... )
L'espace scénique n'est pas exploité. Il y a 30 m de profondeur, des allées en forêt, des ponts dont on peut investir les voûtes... Tout est joué dans un espace de 5 à 10 m.... Quelle différence avec une salle ? Si ce n'est que le décor suivant n'a pas à être construit dans un « noir » ? C'est un peu comme si à Bussang, on éclairait une toile peinte au lieu d'ouvrir le fond de scène...
Une machine stroboscopique aveugle les spectateurs à plusieurs reprises.... Chacun se cache les yeux, protection bien insuffisante et la gêne soulève des « quels cons » qui troublent l'empathie....
Seule la moitié du public peut profiter du feu d'artifice, tiré trop haut. Il suffirait de faire exploser des pièces moins haut ou d'employer des pièces plus au sol … On sent que le feu d'artifice a été choisi pour la splendeur qu'il dénote et non par rapport au public.
Oui, un sentiment de gâchis lié au fait que les créateurs n'ont pas envisagé le lieu dans sa plénitude et sa spécificité, parce que le public parfaitement traité dans l'accueil et dans la restauration, n'est pas pris en considération dans la conception de la représentation.
C'est en dépit de tout cela pour la majorité des gens un joli spectacle pour une soirée d'été.