Et voilà, deuxième
représentation à La Cassine. Sans famille d'après Hector Malot.
Les gradins sont pleins, les salles de restauration l'étaient aussi.
La pluie a cessé et le soleil se couche en beauté derrière le
cimetière communal.
La fête s'annonce belle.
Les bénévoles sont sur le pied de guerre. Dès que la nuit s'étend,
le décompte commence dans les tribunes. Le spectacle est très
professionnel. Système de projecteurs directionnels qui passent des
gradins à la scène. La sono est impeccable, pas de crachouillis.
L'enregistrement des annonces est parfait. Oui, la fête s'annonce
belle.
Deux heures de spectacle,
une quantité de tableaux, une foule de bénévoles et un comédien
professionnel qui a prêté sa voix. C'est celui qui jouait le rôle
de Rémi dans la série télévisée. Le ton est donné, le spectacle
imite la série : Vitalis et Rémi sont des clones de Pierre
Richard et de Jules Sitruk et tout reproduit les scènes fortes de
cette version. La voix de Rémi est assurée par Fabrice Josso, un
comédien qui frôle la cinquantaine et qui a interprété le rôle
de Rémi dans un feuilleton de 1981.... (19 ans avant la version avec
Pierre Richard).
Les décors sont
splendides, les costumes merveilleux. Tout est d'un réalisme
parfait. Et le feu d'artifice final digne du lieu. C'est un joli
spectacle de fin de soirée d'été, dans le style de ce qui fait
aimer la Cassine. D'anciens décors sont repris, et on se souvient
avec plaisir des spectacles où ils apparaissaient.
Il y a même un moment
très beau : la mort de Vitalis, avec une trouvaille qui évite
le mélodramatique et conserve son aspect « soirée d'été »
au spectacle. Très beau moment aussi que celui de la préparation du
récital... Enfin du son et lumière réfléchi !
Alors pourquoi ce
sentiment de gâchis qui me reste au-delà du plaisir. Il y a des
temps morts, des lenteurs (cachées par les applaudissements
frénétiques des amis invités – un concours s'organise d'un
gradin à l'autre- très bien au niveau de la cohésion du public, on
est une grande famille... )
L'espace scénique n'est
pas exploité. Il y a 30 m de profondeur, des allées en forêt, des
ponts dont on peut investir les voûtes... Tout est joué dans un
espace de 5 à 10 m.... Quelle différence avec une salle ? Si
ce n'est que le décor suivant n'a pas à être construit dans un
« noir » ? C'est un peu comme si à Bussang, on
éclairait une toile peinte au lieu d'ouvrir le fond de scène...
Une machine
stroboscopique aveugle les spectateurs à plusieurs reprises....
Chacun se cache les yeux, protection bien insuffisante et la gêne
soulève des « quels cons » qui troublent l'empathie....
Seule la moitié du
public peut profiter du feu d'artifice, tiré trop haut. Il suffirait
de faire exploser des pièces moins haut ou d'employer des pièces
plus au sol … On sent que le feu d'artifice a été choisi pour la
splendeur qu'il dénote et non par rapport au public.
Oui, un sentiment de
gâchis lié au fait que les créateurs n'ont pas envisagé le lieu
dans sa plénitude et sa spécificité, parce que le public
parfaitement traité dans l'accueil et dans la restauration, n'est
pas pris en considération dans la conception de la représentation.
C'est en dépit de tout
cela pour la majorité des gens un joli spectacle pour une soirée
d'été.