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jeudi 21 juillet 2016

Saramuccia (critique) Avignon OFF 2016

Il reste encore 3 spectacles dont je voudrais vous parler, trois spectacles du OFF d' Avignon. 

Tous les trois, ils connaissent un assez joli succès. Deux seront très certainement en  tournée cet hiver. 
L'un doit être obligatoirement vu pendant le festival. SCARAMUCCIA
Scaramouche ... 
La représentation a lieu dans la Cour du Barouf. Une représentation en plein air comme il se doit dans la tradition, sous un arbre centenaire sur des tréteaux de bois devant un rideau qui donne l'impression d'avoir longtemps vécu et que le vent malmène. 
La cour du Barouf est dédié à la commedia dell'arte. (barouf ?? à cause de Barouf à Chioggia de Goldoni ?)
Scaramuccia de Carlo Boso est une des plus belles pièces de la commedia dell'arte. Elle en a tous les ressorts, toutes les malices, toutes les maladresses de connivence avec le public, toutes les grandes batailles (on ferraille à tout va), On se déguise tout en le montrant, on inverse les sexes, on meurt pour devenir fantômes, on crie, on rit, on chante, on danse, on saute, on donne des gifles, on en reçoit, on se cache derrière des paravents minuscules, on révèle des secrets à qui ne doit pas les connaître, on se répète, on répète les autres, on tombe, on se relève, on court, puis on s'assoit en bord de scène masque relevé pendant que la représentation continue...
Tout cela vous donne le tournis... C'est la commedia dell'arte. Çà bouillonne à la limite de l'explosion,  ça fourmille à la limite du piétinement et ça se termine toujours bien. 
Il y a un nombre de comédiens impressionnant, et ils jouent plusieurs rôles. 
Tous sont animés d'une fougue qui prouve leur jeunesse. Leur enthousiasme et leur vivacité apporte à la pièce une énergie qui se communique aux spectateurs, premiers complices de leurs jeux. 
Un très beau moment. 

Je voulais ajouter pour eux un compliment plus personnel. J'ai assisté à la représentation qui a eu lieu juste après l'attentat de Nice. Au plus fort de la bataille, Scaramouche qui avait fait deux prisonnières a posé l'épée, demandant une minute de silence. Longue minute ... parce que beaucoup découvrait le drame.  Imaginez cette pause tragique vécue par la communauté, au plus intense d'une scène d'action palpitante. Quelques secondes de reprise en main  et la pièce a retrouvé sa vivacité et sa fulgurance. Bravo de cela : d'avoir pensé aux victimes d'une autre fête,  bravo d'avoir renoué si vite avec la commedia dell'arte et ses bonds. Merci