Le programme annonce : « l'un
cuisine, l'autre conte ». Tout semble être dit. C'est mille
fois autre.
Un premier partage entre le conteur
(Jérôme Thomas) et le cuisinier (Frédéric Gillet) sous forme de
gag. Le ton est donné, le conte sera l'occasion de passes d'armes
burlesques, de connivences drôles, d'alternances entre le récit et
le jeu, selon qu'ils rentreront ou non dans l'histoire ensemble ou
séparément.
Un découpage en chapitres qui
correspondent à autant de contes réunis par un fil rouge :
l'histoire de Pépère qui cherche l'ingrédient pour la «soupe à
tomber par terre de Potagekamut ».
La soupe, justement, elle est là, bien
réelle, comme preuve que la légende est fondée.
Les sons qui accompagnent le conte sont
ceux d'un couteau sur une planche, de l'eau qui frémit, de la viande
qui grésille et d'un bouteille qu'on débouche.
Plus que jamais le spectateur participe
dans son intégralité : l’ouïe,la vue, l'odorat, le goût et
le corps puisqu'il est amené à agir dans le processus narratif à
plusieurs reprises.
Vous me direz nous sommes dans le conte
et non dans le théâtre. Mais où se trouve exactement la limite
dans le travail de ce duo tout aussi proche, du clown, du dialogue
que du conte strict.
Théâtre ? Il faudrait vraiment
analyser en profondeur le degré de théâtralité du spectacle.
Performance ? Assurément .
Tous les ingrédients y compris celui magique de la soupe sont
présents.
Quant à la soupe elle-même, elle fut
le second rayon de soleil de ce dimanche maussade et pluvieux dans un
parc vidé de ses habitués.
Le premier rayon de soleil avait été :
la générosité du couple conteur-cuisinier, leur énergie, leur
humour, la nouveauté qu'ils apportent à des contes ancestraux.
Ce qui à l’origne n'était qu'un
petit projet d'animation mériterait de devenir un spectacle joué et
rejoué (en perdrait-il de sa fraîcheur ? Je ne le crois pas.)
Bon appétit … Non notre formule est
trop égocentrique pour cette aventure de Potagekamut.
« J'espère que vous mangerez
avec plaisir » Eet smakelijk comme on dit en Flandre.