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mercredi 27 juillet 2016

La contrebasse (critique) Avignon off 2016

Et voilà, le festival d'Avignon s'achève. Il reste encore quelques spectacles dont je voudrais vous parler. Ce sont des spectacles très courus et je ne voulais pas vous appâter vainement. J'en fais la critique parce que je pense que vous pourrez les voir en tournée cet automne ou cet hiver. 
La contrebasse  se joue au théâtre du Balcon. 
Süskind, son auteur, fait partie de ces auteurs qui ont une place dans la vie et ses œuvres laissent des strates indélébiles chez le lecteur. Le Parfum, le livre pas le film, est un livre fascinant au sens le plus concret du terme. On a une vie avant la lecture du livre et une autre approche du monde après sa lecture. Une appréhension plus globale de l'univers se met en place. 
J'avais lu La Contrebasse,  j'avais vu des extraits de la version qu'en avait donnée Jacques Villeret. A la lecture du programme, j'ai su que je verrais ce spectacle en effaçant les souvenirs que je gardais de la lecture et de la précédent version théâtrale. 
J'ai retrouvé le texte  dans sa profondeur, sa richesse, ses revirements. 
 Il ne s'agit à proprement parler d'une pièce de théâtre conçue pour la scène, mais d'un monologue facilement et directement transposable. Un musicien soliloque, On est en représentation frontale, avec un statut défini du spectateur : il est l'interlocuteur silencieux du musicien qui le fait parler en imaginant ses réactions. Tout est dans le texte et cela fonctionne assez bien. 
Xavier Lemaire, le metteur en scène, suit de près le texte. Il ancre le récit dans le quotidien : une journée de la vie du musicien : lever, repas, préparation du concert du soir (un concert de gala). Les gestes sont de convention et usent des nombres accessoires d'un appartement de célibataire ayant voué sa vie à la musique. 
Le personnage va de petites rancunes à de grands élans lyriques, il associe l'étroitesse d'une existence étriquée (qui pourrait le faire ressembler aux personnages de Kroetz) aux aspirations sublimes d'un héros romantique. 
C'est là le point d'achoppement avec ma voisine directe et je ne sais toujours pas laquelle de nous deux a raison. L'acteur, Didier Constant, donne au personnage un faux air de Mr. Bean.Je le félicite personnellement de ne pas avoir cherché à faire du "Villeret". (cf la représentation de Savoir Vivre d'après Pierre Desproges  voir article précédent). Les grands acteurs marquent un rôle, le talent est de ne pas les suivre, mais d'essayer de renouveler. Le choix du metteur et du comédien de partir sur un jeu très physique et très au premier degré me semble pertinent, même si cela ramène La contrebasse à un divertissement de boulevard, avec ses œillades, ses cris, ses mimiques, ses appels racoleurs. Ma voisine est persuadée que le comédien n'est pas au niveau exigé par le texte et qu'il s'en sort en accumulant les effets clownesques. Là où je vois un effort pour personnaliser un spectacle, elle voit des trucs destinés à capter la bienveillance d'un spectateur qu'on ne respecte pas vraiment. 
Deux jours après la représentation, j'ai croisé le comédien dans la rue, nous avons parlé....