Je suis masochiste.
Sinon comment expliquer ma présence dans cette salle ronde aux
allures romanes, assise sur des gradins en bois gris rendus
confortables par des coussins grèges.
J'ai choisi de
venir, pourquoi ? à cause de la présence de Nicolas Vaude, de son
jeu que j'ai apprécié dans d'autres pièces (notamment un Fantasio
dans les bosquets de Versailles ou un rôle dans une pièce
troublante de Florian Zeller).
Le décor est à la
fois symbolique et réaliste. Des miroirs en grand nombre laissent
imaginer qu'on va observer les personnages sous toutes les coutures.
Des étagères alignent des fac simile de livres. On est dans une
librairie.
Tout
de suite dans ma tête deux souvenirs : The
little shop around the corner, Vous avez un message.
Les premières répliques me confirment que j'avais bien pensé. La
pièce consiste entre une histoire d'amour épistolaire assez bien
écrite et la vie quotidienne d'une jeune libraire. Il y a derrière
tout une allusion à des lectures, des romans comme autant de jalons
de leur parcours sur la carte du Tendre. Littérature uniquement ?
Non, on ne peut s'mpêcher de voir un peu Polanski derrière cette
histoire, de se souvenir d'Amelie Nothomb, Les
combustibles, Une forme de vie.
Peu à peu les
personnages, en jouant au chat et à la souris, se dévoilent, dans
leur fragilité, les cicatrices de leurs accidents.
C'est un grand drame
romanesque, un peu romantiaue aussi. La comédienne, Christelle
Reboul vit pleinement sa tragéidie sur le plateau. Nicolas Vaude
joue de son ambiguïté, sans grande oroginalité, mais avec talent.
C'est devenu une marque de fabrique... On pleure beaucoup sur le
plateau et dans la salle. On applaudit à tout rompre entre deux
reniflements.
Oui le grand drame
d'amour attire toujours les foules. Non je n'ai plus envie de le
voir. Question d'âge ? Plutôt question d'attente théâtrale. Je
n'ai plus envie d'être piégée parce que spectatrice dans un
système qui me dicte mes sentiments. Je ne vais plus au théâtre
pour pleurer mais pour qu'on me parle comme à un adulte... Vous
reparler un jour des 3 spectateurs de Victor Hugo...
C'est gentil, beau
et triste comme les grandes histoires d'amour qui font pleurer les
chaumières...