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mercredi 14 janvier 2015

la lumière et les lumières : la lumière et le corps humain


Lumière et corps humain



Dès l'époque latine le mot luminaria (qui désigne normalement les moyens d'éclairage) apparaît dans la langue poétique comme métaphore pour les yeux, sens que le mot prend définitivement dès le bas latin. Molière reprendra la formule de façon burlesque dans les Précieuses ridicules : les luminaires sont les yeux des belles. L'argot parisien du XIXème siècle va dans la même sens en associant les quinquets (lampes d'Argand perfectionnées par Quinquet) aux yeux.

C'est peut-être dans cette ligne que naît l'expression poétique : la lumière d'un regard (la clarté, la beauté des yeux).

L'adjectif lumineux (qui semble émettre de la lumière) se rencontre souvent associé à des éléments du visage dans un sens positif, voire laudatif : un regard lumineux, un sourire lumineux.

Les précieuses et les petits marquis du XVII ème utilisaient le mot lumière pour parler de la vue, et par extension de la vie. L'expression ouvrir les yeux à la lumière est synonyme de naître, de voir le jour.

Le mot jour sert aussi dans cet emploi, on le rencontre alors dans les expressions suivantes :

donner le jour, voir le jour, devoir le jour à quelqu'un, respirer le jour (expression qui a disparu de la langue courante dans le courant du XIX ème siècle), perdre le jour.



La lumière (ou plutôt le soleil) peut s'avérer néfaste pour notre corps. La lucite est ainsi une maladie de peau causée par une mauvaise ou trop longue exposition au soleil.

Toute comme elle peut s'avérer néfaste à la vue. Trop de lumière rend aveugle. Elle nous éblouit (à apparenter avec l'allemand blöde – aveugle), par son éclat insoutenable. On n'y voit plus que du feu, tout le reste a disparu.


mercredi 17 décembre 2014

suite du dossier sur la lumière et les lumières : la lumière et l'architecture


Lumière et architecture



L'architecture utilise abondamment un vocabulaire lié à la lumière, dans la mesure où cet art recherche l'alliance du plein et du vide et que les progrès au fil des siècles, du Moyen Age à nos jours, ont toujours amené une plus grande importance de la lumière, à la luminosité, du jour (des rares fenêtres des églises romanes aux dômes ou aux pyramides tout en verre du XX ème siècle).

Le mot luminaria du latin classique correspondait à une fenêtre.

Les lucarnes ( ouvrage en saillie sur un toit donnant du jour aux combles) et autres lucarnons des constructions suivent un chemin étymologiques similaires.

Une lanterne est le dôme vitré éclairant par en haut un édifice, ou la tourelle ajourée surmontant un dôme.

Autre forme d'ouverture née à cette époque : les fenêtres rondes (oculus – œil en latin – ou œil de bœuf – une traduction quasi littérale) associent la lumière avec l'organe qui nous permet d'y accèder.

Il s'agit, dans tous les cas, de rendre la pièce lumineuse, clartive (dit-on dans l'est de la France).

A ce propos, il faut souligner les différents sens de cet adjectif « lumineux ». On peut le comprendre comme qui reçoit de la lumière, qui renvoie de la lumière ou qui émet de la lumière.

Un jour peut aussi bien être la lumière qui pénètre dans le bâtiment, la pièce, que, par métonymie, le vide laissé dans la pierre ou dans la maçonnerie ou dans des éléments mal joints de la construction et par lequel la lumière s'infiltre. On rencontre parfois une expression peu usitée un jour de souffrance   dont le sens est « une petite ouverture destinée à fournir un peu d'éclairage – exemple les oculi ». On peut penser au travail de James Turell sur le jour qu'on peut voir dans la sorte de trou (de jour) qu'il oriente vers le ciel à l'image du compluvium des maisons romaines.

On emprunte à l'italien la formule a giorno pour parler d'une pièce éclairée par la lumière du jour ou avec un éclairage qui reproduit cette impression.


lundi 24 novembre 2014

la lumière et les arts 1 (étymologie et expressions)


Voici la suite de l'étude de vocabulaire commencée avec les étymons. J'ai recherché domaine par domaine les utilisations des étymons liés à la lumière.

La lumière et les arts



Deux arts majeurs reposent sur le rapport à la lumière : la peinture et la photographie (qui forme son nom sur la racine photo – lumière), mais d'autres arts vont utiliser des métaphores liées au champ sémantique de la lumière.



Le mot lumière désigne la manière de représenter les parties éclairées dans une oeuvre peinte, une gravure ou un dessin. On parle souvent ainsi de la lumière de Rembrandt ou la lumière de Renoir. L'utilisation du clair-obscur lui donnera toute sa valeur esthétique.

La lumière est aussi la représentation picturale de la lumière : une touche de lumière, une échappée de lumière matérialisent dans le jeu des couleurs un point plus lumineux. On sait que les peintres du XVII ème et du XVIIIème siècle affectionnaient cette mise en lumière, cette clarté donnée à l'horizon qui contribuait à l'effet de profondeur et de perspective. (comme Hubert Robert ou Kaspar David Friedrich)

Un courant de peinture le luminisme ( qui prône l'accentutation du contraste ombre/lumière) regroupe les peintres luminaristes qui s'attachent à produire des effets de vive lumière dans leurs œuvres.



On appelle lustre l'enduit brillant, issu de la vitrification de poudre, sur un émail cuit


lundi 3 novembre 2014

dossier la lumière et les lumières : les étymons 3


  • Un étymon indo-européen bhel- / bhleg – (briller) nous a donné une grande quantité de termes, souvent de formation populaire, ce qui explique son manque de visibilité. Si en allemand, on peut lui rattacher le mot Blitz (l'éclair – qui en français vient de la racine clar-), en français il se cache dans le radical flam- (flamme, enflammer, flambe, flambard, flambeau, flamber, flamboyer, flamboyant, flammèche, inflammable, inflammation, oriflamme...), dans le radical flag- (flagrant, conflagration, déflagration), dans le radical fulg- ( fulgurant, ou son évolution populaire foudre, ainsi que les mots qui en découlent).



  • Enfin, un dernier étymon dji, emprunté aussi à l'indo-européen aussi, (orthographe non transcriptible avec notre alphabet), qui désigne aussi la lumière dans ce qu'elle est manifestation divine et qu'on retrouve dans un radical sanskrit d(e)i qui a le sens de briller. Elle apparaît en grec dans le nom du Dieu suprême, Zeus, qui est la lumière par excellence – il est le maître de la foudre. L'étymon donnera le mot deus en latin (le dieu), et parallèlement le mot dies (le jour) et l'adjectif diurnus (qui se passe de jour) et l'adverbe diu (longtemps). Deux racines que nous retrouveront dans le suffixe -di des noms des jours de la semaine, et l'adjectif diurne. L'italien giorno et l'espagnol dia sont également des enfants de cet étymon.



Ces formations à partir d'étymons parallèles a obligatoirement créé des doublons, deux mots de formation semblable mais à partir de racines différentes :

lucifer – phosphore

translucide – diaphane

élucider – éclairer

lumineux - phénoménal

Je passe sous silence, un radical ard- du latin qui a aussi un rapport à l'origine avec la lumière, parce qu'il est trop rattaché dans notre langue à la notion de feu au sens physique, ainsi qu'un étymon cand- (qui nous reviendra par l'intermédiaire de l'italien dans chandelle ou candélabre, mais dont l'évolution naturelle a donné encens ou incendie)


dossier la lumière et les lumières : les étymons 1

Je commence ici la publication d'un dossier assez long sur la notion de lumière, étude faite à travers le vocabulaire qui s'y rattache. L'étude était destinée à devenir une base de réflexion pour un groupe de chercheurs sur la lumière au théâtre.  Il manque la partie collective de cette réflexion. J'essaierai de la compléter au fur et à mesure...
Bon début de lecture donc...




LA LUMIERE  ET  nous




Les étymons



  • On trouve en indo-européen : leuk(s). Sur cette racine seront formés deux mots latins :


lux (la lumière naturelle)


lumen (la lumière artificielle, le moyen d'éclairage)


De ces deux mots naîtront la quasi totalité des termes français liés à la lumière.


S'apparentent aussi à cet étymon :


Lucifer (la dernière étoile du matin, celle qui apporte le jour – dont le doublon grec existe : Phosphoros)


un verbe d'état luceo, es, ere, luxi, luctum (être lumineux, luire), qui donnera l'adjectif lucidus, et un verbe luceso (commencer à briller)


le substantif lucor (lueur)


Aucun verbe transitif direct pour dire éclairer quelque chose ne semble exister sur cette racine en latin, on trouve davantage de composés sur lu- : illustro, as, are, avi, atum ou illumino, as, are, avi, atum. Le fait que verbes appartiennent à la première conjugaison semble attester de leur fréquente utilisation et de leur formation d'origine populaire.


Beaucoup de verbes ou d'adjectifs qui n'ont pas connu de survie en français dérivent de cette branche : circumluceo, diluceo, dilucesco, interluceo, per/pellucidus, praelucidus, relucesco, translucesco...


Diluculare désigne le fait que la lumière décline au crépusule et anteluculare qu'elle apparaisse au lever du jour.


D'autres comme elucesco parviendront jusqu'à nous (élucider).


Le mot lucerna (la lampe à huile)


Plus étonnant, le surnom d'une déesse de la lumière dans la nuit luna (la lumineuse) qui donnera son nom officie à notre satellite. Je me permets à ce niveau une parenthèse pour un rapprochement avec la nom grec de la Lune : Séléné qui tire son origine de σελας (éclat de lumière)


De lumen dérivent dès le latin


luminosus (un adjectif au sens similaire à celui qu'a le français lumineux)


luminaria (les flambeaux – on pense à nos luminaires)


illuminare et illuminatio, onis


et eluminatus (privé de lumière)


Sur la racine luks (avec affaiblissement de la consonne K, s'est formée la famille de lustr- (avec une confusion parfois avec un mot lustrum, purification et un verbe lustro purifier), qu'on reconnaît dans le verbe illustro, as, are, avi, atum (sens proche de celui du mot français) et illustramentum (ornement).