Lumière
et corps humain
Dès
l'époque latine le mot luminaria
(qui désigne normalement les moyens d'éclairage) apparaît dans la
langue poétique comme métaphore pour les yeux, sens que le mot
prend définitivement dès le bas latin. Molière reprendra la
formule de façon burlesque dans les
Précieuses ridicules
: les luminaires
sont
les yeux des belles. L'argot parisien du XIXème siècle va dans la
même sens en associant les quinquets
(lampes d'Argand perfectionnées par Quinquet) aux yeux.
C'est
peut-être dans cette ligne que naît l'expression poétique : la
lumière d'un regard
(la clarté, la beauté des yeux).
L'adjectif
lumineux
(qui
semble émettre de la lumière) se rencontre souvent associé à des
éléments du visage dans un sens positif, voire laudatif : un
regard lumineux, un sourire lumineux.
Les
précieuses et les petits marquis du XVII ème utilisaient le mot
lumière
pour parler de la vue, et par extension de la vie. L'expression
ouvrir
les yeux à la lumière
est synonyme de naître, de voir
le jour.
Le mot jour sert aussi dans cet
emploi, on le rencontre alors dans les expressions suivantes :
donner
le jour, voir le jour, devoir le jour à quelqu'un, respirer le jour
(expression
qui a disparu de la langue courante dans le courant du XIX ème
siècle), perdre
le jour.
La
lumière (ou plutôt le soleil) peut s'avérer néfaste pour notre
corps. La lucite
est ainsi une maladie de peau causée par une mauvaise ou trop longue
exposition au soleil.
Toute
comme elle peut s'avérer néfaste à la vue. Trop de lumière rend
aveugle. Elle nous éblouit
(à apparenter avec l'allemand blöde – aveugle), par son éclat
insoutenable. On n'y
voit plus que du feu,
tout le reste a disparu.