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mercredi 28 septembre 2016

la perte des rituels d'installation dans les performances (2)

L'obscurité ou la pénombre font partie des rituels d'installation,. Le passage de l'éclairage du hall à la luminosité étudiée de la salle marque une transition, qui attend son paroxysme au moment où les lampes qui éclairent les rangées de fauteuils s'éteignent, comme une veilleuse de chevet avant l'endormissement. On peut penser au malaise qui s'empare de certains spectateurs quand ils doivent pénétrer dans la salle sous le regard des comédiens déjà en place ou ayant commencé un jeu sur scène avant les premières répliques.
Bernard Dort évoque ce moment quasi mystique de «l'extinction des lumières - ce renversement des rôles entre la salle et la scène qui est l'un des rites fondateurs de la cérémonie théâtrale »1
Les lumières éteintes, on entre dans le calme convenu des premières minutes qui marquent l'adhésion de la salle à la représentation qui s'annonce.
Dans le cas des performances du texte, il est très fréquent de ne pas respecter ces rituels. Souvent, le passage de la lumière à la nuit, puis à l'éclairage spectaculaire n'a pas lieu. Comme dans les séances de contes des griots africains, ou des lecteurs, le début du spectacle ne coïncide pas avec une modification du contexte de la représentation mais par une volonté du "diseur", de celui qui détient la parole de commencer, de manière tout à fait arbitraire. "Je  parle " marque la rupture, l'entrée dans un autre univers, celui de l'épiphanie du texte à travers la parole. 


1  Berrnard DORT, « La pratique du spectateur I » in Cahiers de la Comédie française n° 1, automne 1991, POL p; 116 -119