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lundi 26 septembre 2016

Le Petit Théâtre Nomade Avignon 2017 caserne des Pompiers 10 h 45


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Il y a elle, il y a lui. Mais sont-ils vraiment deux ?
Frère et sœur, chien et chat, chat et souris, enfants d'une cour de récréation, amoureux-amoureuse, personnages du Roman de Renart.
Quand ils chaussent leur masque (de renard et de blaireau), ils deviennent les uniques témoins, les uniques mémoires d'histoires qui se racontaient, qui se racontent encore, où … là d'où ils viennent.
Ils connaissent les histoires de 7 personnages et un jeu avec le public les fait resurgir, dans un minuscule castelet dont ils peuvent devenir un temps les marionnettes démesurées.
7 histoires que le hasard d'un amstragram poétique va faire surgir de façon aléatoire, en en réservant une partie, parce qu'il faut qu'il reste toujours des mystères et parce qu'il faut laisser la place à d'autres rencontres.
Elle a des airs de petite fille sage, mais n'hésite pas à lui cacher ses jeux, ou à le forcer à ranger les fantoches dont ils se sont servis. Elle fait des mystères, y associe les spectateurs, puis redevient la bonne élève.
Lui semble un garçon casse-coup, casquette et marcel, il jongle avec une balle, comme un autre garçon taperait dans un ballon parce que c'est pas pour les filles. Il la poursuit avec une tige devenue épée, ils se battent presque, en personnages de commedia dell' arte, puis redeviennent les porteurs d'histoires.
Il ne vivent que très rarement les récits. « Mme …. racontait une histoire, c'est celle de X... et nous allons à notre tour vous la raconter. » Et le récit part, petit pantin à l'appui, décor de carton qui se montre tel, cela commence dans la boîte, puis les marionnettes débordent, s'installent sur les bras, sur la tête, incluent le corps du manipulateur dans leur univers théâtral. Et tout en contant l'histoire, les deux comédiens interprètent « les montreurs » , jonglent , jouent du bandonéon...
On découvre une infirmière qui a peur de piqûres et qui trouve une autre façon de soigner les malades, un vieux marin qui renoue avec l'enfant qu'il a été, un laveur de nuage, deux clowns acrobates qui partent à la recherche d'un géant invisible...

Le texte a été écrit par le poète Pierre Soletti, c'est une garantie de retrouver un monde poétique, à la limite des rêves d'enfants. La langue est belle, riche de « subtilités de langage », jeux de mots, assonances, homogrammes, allusions à d'autres textes, d'images, de métaphores. On est dans un univers de légèreté, même pour aborder les sujets les plus graves.

Mateja Bizjak Petit, qui signe la mise en scène, a su exploiter cette originalité du texte et conduire les comédiens-manipulateurs vers un univers de l'enfance dans lequel les adultes se retrouvent, arpentant des chemins autrefois parcourus. 

Jurate Trimakaite et Jimmy Lemos sont remarquables de spontanéité, de candeur et de rouerie, prenant les spectateurs dans leurs jeux et s'en faisant des complices (enfants et adultes confondus).
Jimmy Lemos est, outre un acteur très juste, un jongleur extraordinaire : la balle qu'il utilise semble douée de sa propre vie et se déplacer seule autour de lui.
Quant à Jurate Trimakaite, elle a, en plus d'un charmant accent lituanien, une voix extraordinaire qui lui permet de faire quelques passages de chant lyrique...


C'est un très beau moment, un de ces moments de grâce et de magie que le théâtre pour enfants est presque le seul à proposer aujourd'hui.