Encore Carmen !
J'ai connu une lointaine
période, au moment où l'opéra est tombé dans le domaine public,
où tout le monde faisait « SON » Carmen. Si quelques
versions ont échappé à l'usure du temps, je pense dans l'ordre
décroissant à celle de Carlos Saura et Antonio Gadez (avec une mise
en abyme et un jeu de codes fascinant), celle de Jean-Luc Godard
(magnifique dans le traitement de la passion), et celle de Peter
Brook, si épurée, une quintessence de Carmen, les autres sont
négligeables. Le film de Zeffirelli ne peut pas vraiment rivaliser,
il ne tient que par la qualité des chanteurs, mais n'ajoute rien à
notre approche de l’œuvre.
J'allais donc à cette
enième version avec un peu de réticence. Encore Carmen !
J'ai énormément aimé.
Peut-être parce que l'opéra de Bizette n'est pas le propos de la
pièce mais son prétexte.
Tout se passe en Turakie,
attention : en Turakie maritime, pas très différente de notre
Bretagne. La Turakie est un pays imaginaire conçu par Michel Laubu
en 1985, pays qui a déjà servi de cadres à de précédentes
créations.
Ce Carmen se déroule
donc en Turakie maritime où l'on a procédé à des fouilles
sous-marines à la recherche des passions englouties. Ce qui explique
que l'on soit en dessous du niveau de la mer : scaphandre
obligatoire pour y accéder, orchestre maritime (crustacés et
poissons), palmes et bouées...
Le découpage imaginé
par Meillhac et Halevy est conservé, mais dans une interprétation
très iconoclaste des thèmes et des lieux. Le jeu de mots est de
rigueur.
Tout, de la partition au
texte, en passant par les personnages et les accessoires est truffé
de découvertes, de trouvailles, de gags, de détournements ...
Turak est à la fois
théâtre d'objets et de grandes marionnettes, manipulées de
l'intérieur...
Que vous dire de plus...
Il faut voir ce spectacle inracontable, où chaque minute mériterait
plusieurs lignes....
Un petit tour si le cœur
vous en dit sur le site qui vous renverra au blog...