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lundi 26 septembre 2016

critique de Carmen... en Turakie

Encore Carmen !
J'ai connu une lointaine période, au moment où l'opéra est tombé dans le domaine public, où tout le monde faisait « SON » Carmen. Si quelques versions ont échappé à l'usure du temps, je pense dans l'ordre décroissant à celle de Carlos Saura et Antonio Gadez (avec une mise en abyme et un jeu de codes fascinant), celle de Jean-Luc Godard (magnifique dans le traitement de la passion), et celle de Peter Brook, si épurée, une quintessence de Carmen, les autres sont négligeables. Le film de Zeffirelli ne peut pas vraiment rivaliser, il ne tient que par la qualité des chanteurs, mais n'ajoute rien à notre approche de l’œuvre.
J'allais donc à cette enième version avec un peu de réticence. Encore Carmen !
J'ai énormément aimé. Peut-être parce que l'opéra de Bizette n'est pas le propos de la pièce mais son prétexte.
Tout se passe en Turakie, attention : en Turakie maritime, pas très différente de notre Bretagne. La Turakie est un pays imaginaire conçu par Michel Laubu en 1985, pays qui a déjà servi de cadres à de précédentes créations.
Ce Carmen se déroule donc en Turakie maritime où l'on a procédé à des fouilles sous-marines à la recherche des passions englouties. Ce qui explique que l'on soit en dessous du niveau de la mer : scaphandre obligatoire pour y accéder, orchestre maritime (crustacés et poissons), palmes et bouées...
Le découpage imaginé par Meillhac et Halevy est conservé, mais dans une interprétation très iconoclaste des thèmes et des lieux. Le jeu de mots est de rigueur.
Tout, de la partition au texte, en passant par les personnages et les accessoires est truffé de découvertes, de trouvailles, de gags, de détournements ...
Turak est à la fois théâtre d'objets et de grandes marionnettes, manipulées de l'intérieur...
Que vous dire de plus... Il faut voir ce spectacle inracontable, où chaque minute mériterait plusieurs lignes....

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