Spectacle lecture :
Jacques Gambelin lit Romain Gary.
La soirée s'annonce
belle. La nuit sera calme (c'est le titre du spectacle). Il a été
crée en 2007 à Manosque. Cela veut dire qu'il tourne depuis près
de 10 ans...
Le livre qui sert de base
est un entretien fictif publié en 1976. Romain Gary imagine qu'il se
confie au journaliste François Bondy, un ami d'enfance.
La langue est belle,
pleine d'images, d'ironie, de raccourcis, de rappels et d'échos. Les
idées n'ont pas vieilli et trouvent un écho dans les grands
questions d'aujourd'hui. La truculence de certaines phrases provoque
des gloussements faussement outrés à ma voisine, gloussement qui
doivent parvenir sur scène car ils sont suivis d'un agacement
imperceptible sur scène.
Pourtant tout est fait
pour aseptiser la lecture ou du moins pour concentrer sur le texte.
Mise en scène réduite
au minimum. Jacques Gambelin reste assis à un bureau pendant l'heure
et demi que dure le spectacle. L'éclairage bleu ne laisse en couleur
chaude que le rectangle occupé par le comédien qui est un « tronc »
qui bouge un peu les bras, qui boit un verre d'eau (très lentement
et à plusieurs reprises). Il répond aux questions d'un personnage
invisible concentré dans un magnétophone placé sur scène et que
le comédien manipule.
Le jeu est clair, sobre,
tout en nuance, n'allant jamais dans le forte... ton de confidence
très étudié...
Alors performance du
texte : absolument pas.
Certes la lecture est
visible : Jacques Gambelin tourne les pages d'un livre posé sur
un pupitre de table. Mais la voix n'est pas celle de la lecture, elle
ne rend pas la découverte du texte. On sent trsè vite que le texte
est récité et que le livre n'est que le prétexte d'un jeu dont
personne n'est dupe.
La voix est beaucoup trop
travaillée, l'interprétation minutieusement calculée, en léger
retrait...
Le public dans la
première partie est placée en situation d'observation. Pendant très
longtemps le dialogue se fait entre le comédien et le magnétophone :
les deux voix sont clairement concentrées sur le plateau. Le public
se trouve derrière le 4ème mur.
Dans la toute dernière
partie, la voix du journaliste se trouve placée derrière le public,
et le comédien lève davantage la tête pour aller vers elle. Il
passe alors à travers le public et lui donne une consistance, mais
très artificielle.
Non, il ne s'agit pas
d'une performance du texte, ni d'une lecture. IL s'agit d'un très
beau texte merveilleusement servi par un grand comédien. Un
spectacle comme « Réparer les vivants » (voir article
antérieur) mais sans l'investissement du corps.