Frédérick Houdaer est
venu un jour lire quelques uns de ses textes lors d'une soirée. Il
avait accepté au nom de vieilles attaches familiales, de souvenirs
si anciens qu'ils relevaient de la tradition.
Je l'ai croisé une
seconde fois dans un salon, plus longuement, moins anonymement. Nous
avons devisé autour d'une bière », devant un plat préparé
par des bénévoles, à son stand avant que le public ne soit à
nouveau autorisé à rencontrer les auteurs.
Puis une troisième fois
au Marché de la Poésie, nos stands s'affrontaient de chaque côté
d'une allée encombrée de badauds. Nous communiquions par signes.
Que dire de Frédérick,
si ce n'est que sa poésie me fait tire, rire et voir, rire et
réfléchir.
Etrange parcours que
celui de ce poète qui s'est d'abord fait un nom dans le polar.
Etrange ? Pas
forcément, la cohabitation avec l'argot l'avait habitué aux
formules imagées, aux raccourcis et aux périphrases.
Il a aussi garddé de son
passé dans le roman policier, la maîtrise du suspens. Ce »s
poèmes progressent comme des énigmes, avec de fausses pistes, des
aveux et des rétractations qui conduisent à une chute.
Les poèmes de Frédérick
Houdaer ressemblent à des nouvelles à chutes, écrite dans une
langue qui fourmille d'images. La langue est belle, drôle,
recherchée dans sa simplicité. Les textes sont eux d'un réalisme
poussé au paroxysme. De cette incompatibilité théorique naissent
des poèmes atypiques et déroutants, dont on rit pour déjouer le
gouffre de vérités qu'ils révèlent.
Il faut avoir entendu
lire Frédérick pour mesurer combien la réticence sous-tend son
écriture. Il peut rester silencieux une minute entre deux vers, une
minute à regarder le public, une minute dense et riche, devant un
public en apnée.
On reconnaît toute
l'humanité des faits divers, les pires ou les plus banaux. On peut
passer d'un couple qui s'interroge sur le suicide à un homme qui ne
capte pas internet, à un écrivain cherchant l'inspiration dans un
bar ou à une rencontre entre la Terre et une météorite.
Frédérich Houdaer se
paie le culot d'utiliser une langue où tout mot est pesé sur une
balance de chimiste pour être iconoclaste au dernier degré.
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