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lundi 1 février 2016

Frédérick Houdaer

Frédérick Houdaer est venu un jour lire quelques uns de ses textes lors d'une soirée. Il avait accepté au nom de vieilles attaches familiales, de souvenirs si anciens qu'ils relevaient de la tradition.
Je l'ai croisé une seconde fois dans un salon, plus longuement, moins anonymement. Nous avons devisé autour d'une bière », devant un plat préparé par des bénévoles, à son stand avant que le public ne soit à nouveau autorisé à rencontrer les auteurs.
Puis une troisième fois au Marché de la Poésie, nos stands s'affrontaient de chaque côté d'une allée encombrée de badauds. Nous communiquions par signes.
Que dire de Frédérick, si ce n'est que sa poésie me fait tire, rire et voir, rire et réfléchir.
Etrange parcours que celui de ce poète qui s'est d'abord fait un nom dans le polar.
Etrange ? Pas forcément, la cohabitation avec l'argot l'avait habitué aux formules imagées, aux raccourcis et aux périphrases.
Il a aussi garddé de son passé dans le roman policier, la maîtrise du suspens. Ce »s poèmes progressent comme des énigmes, avec de fausses pistes, des aveux et des rétractations qui conduisent à une chute.
Les poèmes de Frédérick Houdaer ressemblent à des nouvelles à chutes, écrite dans une langue qui fourmille d'images. La langue est belle, drôle, recherchée dans sa simplicité. Les textes sont eux d'un réalisme poussé au paroxysme. De cette incompatibilité théorique naissent des poèmes atypiques et déroutants, dont on rit pour déjouer le gouffre de vérités qu'ils révèlent.
Il faut avoir entendu lire Frédérick pour mesurer combien la réticence sous-tend son écriture. Il peut rester silencieux une minute entre deux vers, une minute à regarder le public, une minute dense et riche, devant un public en apnée.
On reconnaît toute l'humanité des faits divers, les pires ou les plus banaux. On peut passer d'un couple qui s'interroge sur le suicide à un homme qui ne capte pas internet, à un écrivain cherchant l'inspiration dans un bar ou à une rencontre entre la Terre et une météorite.
Frédérich Houdaer se paie le culot d'utiliser une langue où tout mot est pesé sur une balance de chimiste pour être iconoclaste au dernier degré.


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