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lundi 11 avril 2016

le retour au texte : une tentative de "ré-action" aux crises du théâtre (2ème partie)

Faut-il voir dans ces nouvelles formes et dans l'intérêt qu'elles provoquent chez un public certes restreint une « rréaction » aux crises qui traversent le théatre aujourd'hui ?

Je veux entendre le mot « réaction », non comme une démarche volontaire pour créer quelque solution possible, ni comme une résistance acharnée à une modification des codes théâtraux, textes, représentations, rapports scène /salle. L'acception scientifique du mot me semble plus appropriée, la réaction chimique de deux éléments qui entrent en contact. De leur collision, de leur fusion va naître un nouvel élément ou une nouvelle substance, un plastique dont on ne connaît pas encore toutes les propriétés. Le texte revient se heurter à la performance, à la scène qui l'a banni un temps, et il se présente sous une forme plus brute, plus primaire.

« Réaction » aussi de la biologie, lorsqu'un muscle répond à une impulsion électrique extérieure (pour les cours avec dissection) mais aussi impulsion de nos neurones, synapses... et qui dénotent une volonté de vie du corps en dépit de tout, même d'une mort cérébrale. Une réaction pour dire que même si on dit le théâtre moribond depuis tant de décennies, il n'en finit pas de mourir et ses soubresauts se traduisent en spectacles vivants. Peut-être même que ce qui nous fascine dans le théâtre, c'est son art de mourir, plein de rappels, de soubresauts, comme ces passages de bravoure de l'opéra lyrique où le héros/l'héroïne tirent de leur agonie une richesse de vocalises et d'airs si beaux.

Il s'agit donc bien de parler de réaction et non de renouvellent. Ces formes ne sauraient, il me semble, augurer d'un avenir du théâtre. Elle lui permettent de se chercher, de s'aventurer dans des voies inexplorées, mais il faut se garder de les ériger en parangon du théâtre futur.