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lundi 11 avril 2016

l'abandon de la mimesis (1ère partie)

Le théâtre doit affronter en tout premier lieu une crise de la représentation.

Dans notre univers saturé d'images, toute représentation est remise en cause. Je n'entends pas seulement l'acte de représenter une pièce, de la jouer, mais la représentation sous une autre forme du monde dans lequel nous vivons. Comment pour une majorité des gens faire une différence entre le cinéma avec ses scenarii écrits et les images soit disant réelles d'une émission de télé-réalité ?

L'image enregistrée (photographiée et filmée) se veut irréfutable, preuve manifeste, mais, à cause de sa surabondance et de la surenchère qui s'opère dans les medias, elle devient objet d'une possible contestation , d'une certaine méfiance, d'une fatigue ou d'un désintérêt. On ne peut plus croire à ce que l'on nous montre, car tout devient spectaculaire : l'ouverture d'un magasin, des licenciements, une compétition sportive, une catastrophe naturelle, une manifestation ou un meeting politique.

Quelle place peut occuper le théâtre dans cette compétition de reproductions, lui qui est censé, selon la logique aristotélicienne être une représentation (une mimesis) du monde. Aristote explique la nécessité au théâtre de proposer une forme de représentation, de mimesis, par le besoin inhérent à la nature humaine de représenter (imiter) et de regarder la représentation (l'imitation). Denis Guenoun y ajoute le besoin d'intervenir dans la représentation, signifiant que le besoin de l'homme d'aujourd'hui n'est pas seulement de voir mais de faire du théâtre1, .« La nécessité du théâtre, pensée,sur le mode aristotélicien,se révèle donc comme foncièrement double: nécessité d'une pratique (scénique) et d'une théorie (spectatrice). »2

1Denis Guenoun, Le théâtre est-il nécessaire?, ****, Circé, 1997, p. 19

2Denis Guenoun, Le théâtre est-il nécessaire?, ****, Circé, 1997, p. 40