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lundi 7 décembre 2015

l'écran de la parole .. suite

Retour à ma rumination sur l'écran dans le spectacle de la parole et des mots. Je préférerais dire dans les performances du texte, tant je demeure persuadée qu'il existe des performances et surtout des perfomeurs du texte. 
Le travail de Pascal Thétard (Bingo - voir article en novembre) me ramène à ma réflexion. Il convoque un autre spectacle déjà ancien : Un mage en été d'Olivier Cadiot, mis en scène par Lagarde et interprété par L. Poitrenaux. Les 2 spectacles ont recours de la même manière (avec la même intention ? ) à l'écran de fond de scène. Il s'agit, dans les 2 cas, de projections de figures abstraites ou oniriques, de couleurs ou de mouvements. Pas d'illustration directe du texte, mais une stimulation de sensations, d'affects. Le texte n'est impacté par ces projections que par les transformations qui s'opèrent dans l'inconscient du spectateur. Comme au cinéma,  les spectateur est renvoyé à son individualité, puisqu'il est appelé à vire au niveau émotionnel strict. Le public, compris comme un ensemble de personnes unis par une représentation, disparaît. Se met en place une forme d'empathie, non avec le comédien, mais avec le propos, favorisant l'écoute ? 
ou la dérive ? 

Souvenir aussi de deux spectacles autour de l'oeuvre de Thoreau(voire articles antérieurs), l'un de Jean-François Peyret, l'autre de J. Bonnaffé. 
Le premier utilisait abondamment les projections de photographies, d'extraits du texte, d'avatars dessinés des personnages. J'avais eu l'impression lors de cette renvoyée vers le texte, de pouvoir en apprécier les nuances et la portée. 
La lecture qui constituait le second spectacle évoqué aussi dans un article de novembre 2014 donnait à voir un lecteur, des lecteurs aux prises avec le texte dans sa brutalité, son immédiateté. Pourquoi cité à nouveau cette lecture qui avait trait à l'écran de papier ? parce que le même jour j'avais assisté à un concert d'orgues dans une église, à la tombée de la nuit et qu'un écran géant, qui obligeait les auditeurs à tourner le dos à l'instrument proposait des images de l'organiste, voir des gros plans sur ses mains ou sa partition. Comme si la musique ne pouvait plus s'exprimer qu'à travers la médiation d'une image réaliste de sa génération.