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vendredi 20 novembre 2015

les mamelles de Tirésias

Bien mauvaise idée que cette soirée... 
Les circonstances ne portent pas à la gaieté. Un ami passe me chercher, il faut y aller. 
Mauvaise idée. 
J'aime Apollinaire. Hélas ! 
Que vous en dire ? 
Le décor est très beau. Il y a au centre du plateau un arbre qui miroite et scintille pendant tout le spectacle, arbre de Noël, arbre de la science, de la vie... Deux grands voiles de plastique l'encadrent, lumière, bruissement, jeu de transparence....
Passons maintenant au corps du délit. 
La pièce commence par une longue psalmodie en arabe ? en hébreu ? Une femme seule, en noir, lumière très parcimonieuse. Le public se hérisse. La scène est malvenue, quelques uns quittent la salle, ils échappent à la suite. Le malaise enfle, des bruits de fauteuils, de pieds, de mouvements... Rien ne perturbe la comédienne qui continue sa mélopée... La haine devient palpable. 
5mn, 7 longues minutes (peut-être plus)
Puis un clown (travail remarquable) dans la lumière revenue récite la Genèse, la création du monde, puis d'Adam et d’Ève, le péché originel .....encore 5 bonnes minutes (mais moins lourdes, on comprend) et le clown est attendrissant... 
Un quart d'heure sans Apollinaire. Oui ! on a bien compris que la femme enfante dans la douleur parce qu'elle est la fomentatrice du péché. Et l'idée d'Apollinaire est de montrer une femme qui se refuse à cela. Original en 1917, intéressant aujourd'hui, mais déjà pratiqué parfois.. il y a eu la loi Veil...
Ce qui soutient notre attente, c'est le travail d'Apollinaire, son écriture, l'aspect surréaliste avant l'heure. 
Enfin la pièce commence, mise en scène très conventionnelle, des trouvailles de club de théâtre de collège : les mamelles sont des ballons....
Les autres personnages arrivent. On les voit bien. On ne comprend pratiquement rien à ce qu'ils disent...pseudo-accent, manque d'articulation, de portée, voix qui se chevauchent, ou qui parlent faux.... Ça savonne ....On attend toujours d'entendre Apollinaire. 
Le prologue arrive au milieu du deuxième acte. Comme une gifle. C'est très fort, cela fait écho à tout ce qui est diffusé par les médias depuis 3 jours. Et le texte incompris du début revient dans les mémoires, comme une explosion. Nouveau malaise. 
note de mise en  scène " Aujourd'hui les Mamelles de Tirésias se présentent comme une farce, qui a pour but d'amuser le public... je pense qu'elle doit se jouer, se mettre en scène avec beaucoup de légèreté". (sans commentaire)
Ensuite Apollinaire se fait encore la malle. On a même droit à "Homme de couleurs" de Leopold Sedar Senghor.... faute d'avoir les dernières scènes de la pièce. 
Il y en a qui ont eu la chance de pouvoir partir .... 
Et si vous n'y alliez pas ? Il y a certainement une bonne émission à la radio ou un bon livre à lire... Tenez Maxence Fermine vient de publier Zen .