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jeudi 26 novembre 2015

il faut savoir écrire avec élégance faute de sentiments

Une rencontre cette semaine. Une de ces rencontres qui vous laissent pantois. 
Lecture privée d'un poète connu, reconnu, gradué, lauréaté, estampillé, du poète comme on en fait peu, aussi décoré à lui seul qu'un commando du GIGN de la poésie comme il faut, comme on n'en fait plus ma bonne dame. 
Il faut faire car poésie vient du grec poein qui veut dire faire. C'est bien  de citer les racines et d'étaler sa confiture en longues tartines... Mais en hiver ça n'attrape plus les mouches. Souvenir de cette femme qui avait découvert un jour, que chier vient du latin cacare dans un flot d'offuscations. "De mon temps, il n'y avait pas ces mots-là en latin..."  Heureusement que les Latins connaissaient chier et baiser autant que le vocabulaire de la philosophie... Sinon, nous ne serions pas là pour en parler. Nouveaux cris de la dame à la limite de l’apoplexie, "Eh bien le latin a bien mal évolué aujourd'hui". Toujours pas compris la dame... aurait mérité que les latins ne connaissent que le lexique de la pensée...
Revenons à mon poète... 
Lecture non pas de ces textes poétiques mais de considérations sur ce que doit être la POESIE...
Pour ses poèmes, c'est au public de les lire... Il apprécie en connaisseur....et remercie en rougissant. Je reste pantoise... Comment dire ? Souvenir d'une lecture de Thoreau il y a quelques années (article dans ce blog) où le public lisait aussi, pas les textes de l'artiste présent. Scène partagée entre le comédien et ses auditeurs..un grand moment... 
Notre poète parle volontiers de son parcours et de son écriture, puis revient aux considérations générales. Il aime aider les autres, leur expliquer pourquoi ce qu'ils écrivent est mauvais, et comment ils peuvent faire pour écrire enfin de la vraie poésie.
Je dois lire aussi. J'ai reculé le moment le plus longtemps possible, mais il m'a repérée : "Vous n'avez rien trouvé qui vous plaise ?". Où est Sampiero et ses mots qui me font pleurer, Albane Gelée ? Laurence Vielle, Agnès Schnell ? 
Je prends un texte parce qu'il y a un embryon d'image habitée, tout à la fin. Je galère et bâcle ma lecture. Il n'y a pas de rythme, pas de sonorités, pas d'épaisseur, pas de vie, pas de mystère... 
Oh de l'image, il y a .. et de la belle, de la métaphore, de l'anacoluthe, du chiasme, de l'hyperbole, de l'oxymore qu'on se croirait presque dans un exercice scolaire ... Plusieurs par vers... Et du vocabulaire à faire pâlir de jalousie un dictionnaire...
Je vous l'ai dit je reste pantoise... Il me manque... la poésie...
Retour tard dans la soirée. Aussitôt "au secours Verheggen".... 
Retrouver la chair de la langue...
"Des gros mots, oui ! Mais des gros mots sapiens! " 
Et la réponse à mes doutes :
"En fait, on le voit, tout est possible pourvu qu'on cesse de se croire obligé de jouer les pompiers à Pompéi ou le Samu à Samothrace sous prétexte que les chefs-d'oeuvre poétiques sont en danger !" 

Est-ce que Verheggen connaît ce poète ? je crois l'avoir deviné dans certains passages de Poète bin qu'oui poète bin qu'non