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dimanche 15 novembre 2015

le silence à hurler

Est-il blond ? Roux ? Est-elle brune ? Et ses cheveux sont-ils longs ou courts, lisses ou bouclés ? Porte-t-il une barbe ? A-t-elle des lunettes ? Est-il petit, rondelet ? Est-elle svelte ? Et ses vêtements ? Comment ses vêtements ? Nous ne savons rien de lui, d'elle. Même pas son nom, ni la forme de son visage, ni ce qu'il fait dans la vie, ni ce qu'elle a fait jusqu'aujourd'hui. Nous ne savons rien, pas même peut-être si c'est une fille ou un garçon. Lui aurions-nous dit bonjour, quelques mots, si nous l'avions croisé ? Ne l'avons-nous pas croisé, lui ou qui lui ressemble. Et soudain une fatalité nous le fait frère, nous la fait sœur. Son absence brusque nous laisse vide et transis. Deuil indéfinissable, profond durable. Parce qu'une fatalité humaine, brute, l'a désigné de son sceau de sang. Petit frère, petite sœur, par centaine, nous nous souviendrons.