Qui êtes-vous ? Il va
falloir trouver une solution. Nous ne pouvons vous garder ici.
Pardonnez-moi de prendre
la place de quelqu'un. Je prends déjà le corps de quelqu'un. Pourvu
que personne ne vienne me le réclamer ce corps dont il va falloir
que je m'occupe. J'ai un nouveau né en responsabilité, un nouveau
né adulte.
Femme et même trop
femme. On n'a pas lésiné sur la marchandise. J'ai tout reçu
abondamment, des seins, des cheveux, des fesses, du ventre. Un corps
adulte qu'il me faut nourrir, laver, habiller, promener, occuper à
longueur de vie. Apprenez-moi ! Je n'étais que l'épine, le scrupule
d'un écrivain.
Amnésique ? Non ! Il
faut je m'organise dans ma nouvelle coquille, que j'apprivoise ses
besoins, ses émotions. Suis-je la seule occupante de cet organisme ?
Est-ce qu'il abrite une épine qui m'agit à mon tour ? Est-ce elle
qui me dit d'aimer la nourriture et les longues marches, me donne
besoin de lire l'éternité de mes nuits ? Lire ses livres, jusqu'à
l'ivresse d'y découvrir les mots que je côtoyais au tremblement de
ses lèvres, à la fébrilité de ses doigts.
Centre des personnes
perdues, au bout d'un an et un jour, si l'on ne vous a pas
réclamé....
Blafards les couloirs,
blafards les souvenirs, blafarde la survie. Croisements muets et
méfiants. Comment se faire des amis quand on ne sait dans combien de
temps il sera à nouveau temps de partir ? Comment se faire des
connaissances quand l'énergie se focalise sur les connaissances
gommées ?