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lundi 16 janvier 2017

Magie d'ombres et autres tours (critique)

Un spectacle de Philippe Beau est rare. Rare parce qu'il ne se produit pas très souvent. Rare parce qu'on est sûr d'y trouver des qualités exceptionnelles.
Alors quand on en programme un, il faut s'y précipiter.
Des ombres... Oui, me direz- vous, le petit lapin, l'oiseau, le cygne... On connaît.
Connaissez-vous l'éléphant ? Le dinosaure ? Les pattes d'un guépard ? Un chameau ? Une grenouille ? Un cheval, un crabe, une chouette ?
Et des mains qui s'élèvent , se prennent, se déprennent dans une danse serpentine... Volutes de mains, ballet, mouvements ondulants qui glissent vers une figure ou la font disparaître dans un arpège.
L'enchaînement de ces ombres finit par dire plus que ce qu'on pouvait imaginer.
Et vous ne connaissez pas ces dernières créations qui font apparaître sur la toile les mythes du cinéma contemporain ou les personnalités de la politique. On oscille entre le rire et l'admiration quand les mains par petits ajustements forment le portrait fidèle. On comprend alors combien l'ombre est encore un art d'aujourd'hui, tout en se rappelant que dans des temps anciens plus troubles, elles permettaient de vénérer le Roi ou l'Empereur.
Et puis, il y a toujours la fascination de Philippe Beau pour les premiers temps du cinéma.
Le spectacle est ponctué par des cartels, comme les vieux films muets. (tout le spectacle est absolument muet d'ailleurs, sans que cela crée la moindre lassitude). Et à plusieurs reprises de cours extraits de film anciens permettent d'introduire sur le plateau des tours de magie qui, s'inspirant de ceux évoqués par Méliès, Chaplin ou Besson, renouvelle l'exercice. Il ne faut pas oublier que Philippe Beau est certes, magicien et ombromane, mais aussi conseiller historique en tours de magie.
Portés par une musique parfaitement adaptée, vous passez des ombres au cinéma aux tours de magie, dans une ronde que les mains dessinent sur la toile et vous glissez d'émerveillement en émerveillement, heureux de vous laisser abuser, comme aux premiers temps des hommes, à l'époque où le feu dessinait sur les parois les premiers films de l'humanité.

Philippe Beau est vraiment un magicien ….