Avignon le OFF, j'allais
l'oublier... Et puis samedi, retour sur le sujet.
Avignon le OFF magnifique
et formidable (au sens étymologique), génial et terrifiant.
Là encore la démesure a
atteint un tel degré qu'elle devient un obstacle. Trop de
spectacles, chacun se réclamant d'un nombre de représentations
phénoménal, d'un prix dans un endroit inconnu, d'une nomination à
un palmarès, d'une longévité qui laisse pantois...
Le meilleur y côtoie le
pire et le pire trouve toujours pire que ce que l'on pouvait
imaginer.
Il y a là de jeunes
compagnies, de jeunes comédiens qui croient encore au mythe et
rêvent que leur présence au festival va enfin les faire sortir de
l'ombre, que leur travail va enfin trouver la reconnaissance qu'il
mérite. Ils sont souvent assez bons, mais la cohue les acculent à
une porte un soir où le tractage à nouveau a été l'occasion de
rejets ou de commentaires. Et ils partent en considérations
désabusées sur le sort du théâtre, des comédiens, de la culture
dès que vous vous arrêtez un peu auprès d'eux. Ils défendent cher
la peau de leur création comme Cassandre devant les remparts de
Troie ou Saint Jean-Baptiste dans le désert...
Il y a là des compagnies
plus solides pour qui le festival n'est qu'une étape...
Des compagnies ou des
scènes très reconnues, aux directeurs et metteurs en scène avec
déjà un beau passé. Ils sont dans le OFF par défi, par dépit,
parce que les places dans le IN sont accordées d'une façon qui ne
leur convient pas, parce qu'ils viennent malgré tout et pour prouver
à qui de droit que leur spectacle fait recette en Avignon. Ceux-là
n'ont pas trop à s'en faire. Leur nom se perd dans le dictionnaire
des titres, des auteurs, des metteurs en scène, des compagnies, mais
très vite ils attirent leurs attitrés et souvent jouent à guichet
fermé.
Il y a des comédiens et
des comédiennes que la télévision recrute pour des séries. Ils
sont là pour faire un peu de théâtre, « parce qu'ils sont
bons aussi sur scène, ce sont des acteurs complets ».Pour eux
pas de problèmes, la salle est pleine de gens qui viennent voir, tu
sais celui qui jouait l'inspecteur dans la série du mardi. Peu
importe ce que raconte la pièce ... tu sais on l'a vu en vrai.
Leur fusil a deux coups : vérifier leur notoriété et montrer
qu'ils peuvent être à la hauteur pour une prochaine fiction sur une
chaîne publique.
Là il y a encore
théâtre.