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vendredi 6 janvier 2017

Avignon donc

Avignon, donc.
Il y avait 7 ans que je n'avais pas mis les oreilles et les yeux au festival.
A l'époque, je suis une équipe qui analysait les spectacles du IN pour en tirer du matériel pédagogique.
A l'époque, j'avais peu fréquenter le OFF, trop de travail (plusieurs spectacles par jour, dont les interminables de la cour d'honneur, le travail ensuite, puis la mise en commun...)

Cet été, j'accompagnais un spectacle du OFF. Je passais beaucoup de temps en communication autour du spectacle, dans les rues, auprès des représentants des structures officielles.
J'avais décidé relativement tard de venir et je n'avais pas réservé de places pour le IN.
J'avais limité ma consommation à 2 ou 3 spectacles par jour... avec modération....
Choix difficile, plus que difficile.

Le programme du OFF c'est 127 pages avec parfois cinq ou six spectacles présenté sur une page.
C'est 129 lieux de représentation, auxquels il faut ajouter les spectacles de rue (les officiels) et ceux qui s'incrustent, les parades...
Chaque jour on peut assister à un peu moins de 1500 spectacles... (autour de 1470).
Avignon « la plus grand théâtre du monde » est aussi un temple de la démesure.

Parlons des spectacles : vous imaginez bien qu'il est impossible sans une certaine culture de faire son choix dans cette surabondance.
Les grands noms côtoient les anonymes. Mais lesquels seront les meilleurs serviteurs d'un texte, d'un auteur. Si l'on peut miser sans crainte sur quelques uns, les autres se révèlent parfois plus que décevants... Marcher dans les rues d'Avignon après 10 heures du matin est une expédition. Vous en pouvez pas faire un pas sans être abordé par un « tracteur » qui vous vante le spectacle de la compagnie qu'il accompagne. Les comédiens des salles descendent sur les trottoirs, les placettes pour essayer de convaincre et d'attirer un public déjà assailli. Tout est bon pour se faire remarquer : les costumes de scène mais aussi les déguisements qui sembleraient outranciers au carnaval de Dunkerque et qui surtout n'ont pas la même vocation festive.

Il faut dire que le public n'est pas assez nombreux pour fournir à chaque salle le quota de spectateurs. Il faut se battre pour couvrir ne serait-ce que les frais de location du théâtre. Se battre c'est à dire capturer le public avant les autres.
C'est drôle, on se retrouve des siècles en arrière, sur le Pont Neuf. C'est une belle approche historique... Aux XVIIème et XVIIIème siècles la lutte était-elle aussi âpre ?

Les spectateurs du IN regardent avec un certain mépris cette agitation vulgaire, puisqu'ils sont contraints de fréquenter les mêmes rues …. Gare aux « tracteurs » du OFF qui oseraient les aborder... Ils ne discutent que rarement avec les spectateurs du OFF, ne fréquentent pas les mêmes restaurants, les mêmes bars, les mêmes jardins, les mêmes cours. Ils ne pénètrent dans cette jungle hostile qu'avec le guide du routard Jérôme Garcin ou le guide vert de Fabienne Pascaud.

« Vous avez aimé « au bonheur des vivants », mais il ne figure pas dans la liste des 10 spectacles à voir.... ». La bouche se pince, puis la lippe descend en un sourire condescendant. Pauvre, vous n'êtes pas … Enfin, comment pouvez-vous.... ?


Pendant ce temps-là, un homme aux seins nus format L et aux fesses en plastique passe en poussant un landau où une appareil hurle « Folles en scène ce soir à 18 h 30 »....