Je reprends une part du travail confié par une amie sur les spectacles reposant sur le texte et la parole... Les performances du texte...
Le
monologue, après avoir connu un grand engouement dans le théâtre
classique ou romantique où il constituait un passage de bravoure
dont le comédien tirait gloire, avait traversé une période de
désuétude. Odette Aslan1
voit dans l'apparition des pièces radiophoniques un renouveau de ce
genre, base d'une forme de narration, qui pourrait aussi expliquer la
forme souvent monologale que prend le spectacle adramatique de la
parole.
La
résurgence du monologue marque le théâtre contemporain et de
nombreuses pièces actuelles,
conçues comme des monologues s'appuient sur l'existence d'un
interlocuteur muet que les mises en scène placent au sein du public.
Dans
Le
cas Jekyl
de Christine Montalbetti, le docteur Jekyl s'adresse à plusieurs
reprises à un ami, qui ne lui répondra jamais, dont l'évocation
permet une adresse au public, une implication du public en témoin
privilégié de la lutte croissante entre Jekyl et Hyde.
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derniers soupirs
de Fabrice Melquiot, monologue également, joue en permanence sur
l'adresse à un public identifié,(celui de la salle), tout comme
Commission
centrale de l'enfance
de David Lescot.
Peu de ressemblances subsistent entre
le monologue de l’œuvre classique et celui auquel on assiste sur
les scènes d'aujourd'hui.
La forme monologale a perdu la
vertu démonstrative ou réflexive des grands textes classiques. Il
ne s'agit plus d'un exercice de rhétorique, pause dans l'action,
moment discursif, temps de parole aussi mais de raisonnement adressé
on ne sait vraiment à qui, moment de bravoure où le spectateur,
s'identifiant au personnage parlant, prenait l'occasion de
s'interroger sur sa psychologie ou ses émotions. De son ancêtre
classique, elle garde peut-être l’ambiguïté de l'énonciateur.
Je me suis demandée, sans trouver
la réponse, s'il y avait corrélation entre le retour du monologue
et l'engouement du public pour les spectacles de la parole, et le cas
échéant, dans quelle proportion l'un influençait l'autre.
1Odette
Aslan, L'acteur au XX ème siècle ethique et technique,Vic
la Gardiole, L'entretemps, 2005, p. 228