A toutes les lumières et avec un petit conseil de lecture poétique : Baudelaire Les phares
Lumière et relation au monde
La lumière nous met en relation avec les autres et avec le
monde en général. Dans l'obscurité, nous ne discernons rien. Dès
que la lumière s'attache à un lieu, à un objet, à un individu,
elle nous le révèle et lui donne une existence.
Commençons par évoquer donc, le milieu qui connaît le plus de
séparation entre ténèbre et clarté, celui de la mine. On parle de
jour et de fond (par euphémisme). Les jours d'une mine sont
les bâtiments qui accueillent les ouvriers de la surface – qui
bénéficient de la lumière naturelle, de la luminosité.
Le jour ou la journée
correspondent à la durée de la lumière, au cycle du soleil entre
les deux horizons.
Ce qui se passe au jour, donc à la lumière ne peut être ignorer de
personne. On peut regrouper dans cette perspective un grand nombre
d'expressions de sens assez voisin : mettre en lumière, agir en
pleine lumière, revenir au jour, agir au grand jour, mettre au jour
(divulguer, faire connaître), à ne pas confondre avec mettre en
jour (mettre en valeur – le jour qui rend brillant,
éclatant.), exposer au grand jour, se faire jour (apparaître
: une nouvelle opinion se fait jour depuis quelques temps...)
De la même façon, l'éclairage particulier fait à une
personne, à un objet, en le détachant, en l'isolant de ses
semblables ou de son contexte, va lui apporter une valeur
particulière. Il va devenir brillant, lumineux, illustre.
Une personne illustre ainsi visible de tous s'appellera un phare,
un flambeau, un astre, une gloire.
Nous associons par connotation la lumière à la joie et à la
gaieté (le riant soleil des poètes opposé à la tristesse de
la pluie). En période de fête, c'est dans la lumière que nous
allons rechercher la joie et ses manifestations : les
illuminations de Noël ou les lampions des fêtes
populaires peuvent en servir de preuve. On dira même orner un sapin
de lumières.
La lumière peut s'avérer violente et destructrice, elle a
alors la forme de l'éclair (racine de clarus) ou de la foudre
(racine indo-européenne qui a signifie briller (bhel-, bhleg-))
L'intensité de la lumière variable au cours du temps nous indique
(souvent par l'intermédiaire du mot jour) le moment où se
déroule une action : au petit jour (la faible clarté
du soleil levant), à la pointe du jour (quand le soleil
point – de poindre- à l'horizon), au grand jour, il fait
jour, à la tombée du jour.
Ce mot jour sert ainsi généralement à nous renseigner sur
l'intensité ou la qualité de la lumière : un mauvais jour
(une lumière peu prononcée qui ne permet pas de bien distinguer les
gens et les choses), un faux-jour, un demi-jour un contre-jour,
ou au contraire un éclairage artificiel a giorno (avec le
mot italien).
La lumière représente une des marques de la présence humaine
(qu'on pense aux photographies par sattelites qui nous montrent la
présence humaine et les grandes agglomérations rendues visibles par
l'éclairage). Le feu devient alors le symbole de cette
présence, surtout quand il faut la dissimuler (extinction des
feux, couvre-feu).