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mercredi 20 décembre 2017

La grande faute de Miss France : elle parle français

Voilà tout vient d'une petite phrase sur la "crinière" de la miss qui l'a précédée. Et l'on crie au scandale. Raciste !
Oui il y  a là une forme de racisme. On laisse des personnes sans aucune culture, qui ne maîtrisent pas la langue française diffamer une femme qu'elles ne connaissent même pas.
Le mot "crinière" dans le dictionnaire a plusieurs acceptions. Dont une "chevelure abondante ". L'usage de ce sens est attesté depuis 1671, dans un écrit de Boileau. Il apparaît dans la dernière strophe de La chevelure de Charles Baudelaire.
C'est très grave, cela veut dire qu'aujourd'hui, la vérité appartient à ceux qui sont le plus illettrés, le plus éloignés de la culture la plus primaire, celle qui consiste à connaître la langue que l'on pratique au niveau national. Une tweetteuse l'a judicieusement fait remarqué "les lionnes sont chauves" et elle en profite pour insulter la femme qui connaît la polysémie des mots (ce n'est pas une maladie).
Ce qui est très scandaleux, c'est que les journalistes prennent fait et cause pour les diffamateurs et participent notoirement à cette diffamation, sans chercher qui est le fautif dans l'histoire, celui qui parle un français correct ou celui qui ne le comprend pas et délire dans une aberration lexicale. (ce n'est pas une maladie non plus). Rappel la diffamation est punie par la loi. Peut-on imaginer que tous les journalistes et tous les directeurs de rédaction qui ont choisi de propager la diffamation basée sur une mauvaise compréhension seront condamnés ?
Certains journaux demandent même une destitution (Gala par exemple). Ils feraient mieux  d'envisager l'achat d'un dictionnaire.
Ce qui est grave, c'est qu'on peut aujourd'hui accuser quelqu'un et le salir sur toutes les chaînes de télévisons à une heure de grande écoute, simplement en se fiant à une méprise.
Ce qui est grave c'est que personne ne fera de repentir public ou d'excuse.
Ce qui est grave c'est que ce genre d'attitude a conduit à dénoncer des milliers de gens pendant la Seconde guerre Mondiale et à les envoyer dans les camps d'extermination, il y a 70 ans seulement. Les faits prouvent que notre société serait pire que celle d'alors... Le racisme ... Où est-il ?

Ah un petite rappel, il était très à la mode, il y a une vingtaine d'années d'arborer une "lionne" qui était une coiffure toute bouclée sur l'arrière. A l'époque pourtant  les lionnes ne portaient pas de crinière.
Doit-on voir là une victoire de Daech sur  un nouveau théâtre de bataille : celui des medias qui peuvent servir sa cause en mettant en exergue (ce n'est pas une maladie) des allégations (ce n'est toujours pas une maladie) qui font croire à une universalité du complot contre la cause dont Daech se croit le tenant.
Quelques fables de La Fontaine (auteur de la même époque que Boileau) : Le loup et l'agneau, les animaux  malades de la peste. 

jeudi 16 novembre 2017

Vania mort pour la France (critique)





Vania est mort pour la France. Vania un Russe qui a abandonné sa mère patrie pour les bourbiers de la Marne de la Grande Guerre. Le texte est une commande du Département de la Marne dans le cadre de la commémoration du centenaire de la Première Guerre Mondiale. Pascal Adam a écrit le texte et Yves Béraud assure à l'accordéon la partie musicale.
Le conteur et comédien Fred Pougeard incarne le texte.
Quel âge Vania a-t-il ? Le texte est vague là-dessus, comme sur sa vie d'avant. On lui imagine l'âge du comédien et sa mort en est plus cruelle, car Vania commence par finir, par mourir lors de l'attaque commandée par Nivelle. Il sera enterré dans le cimetière russe de Saint-Hilaire dans la Marne ; Une chapelle et un petit ermitage assurent une présence russe autour des nombreuses tombes.... voilà pour le contexte historique et le rapport avec le département.
Les dernières heures de Vania sont donc les premières minutes du spectacle. Moment fort que porte avec force Fred Pougeard. L'issue est connue de tous, impossible de faire du suspens sur cette offensive qui a coûté la vie à tant d'hommes. La voix monte, le ton s'emporte, puis se fatigue, cherche à retrouver de l'énergie, la dernière énergie. C'est un exercice dans lequel excelle le comédien. (il faut avoir vu L'oiseau qui dit non pour en mesurer toute la puissance). Au moment final, comédien et auteur se rejoignent dans une sobriété qui refuse le pathétique au profit de l'humain.
Vania n'a pas d'histoire particulière, il n'est qu'un parmi tant d'autres avec ses doutes, ses peurs, ses rires, sa nostalgie (soutenue par des chansons assez nombreuses). On lui ment sur la situation en Russie, sur la situation en France, sur la situation en Allemagne. Il erre d'une scène de combat à un hôpital, à une chambrée. Au sol, dans un décor minimaliste, son pardessus, comme une défroque, ou une chrysalide abandonnée au dernier instant. En adoptant un jeu un peu en retrait à la façon des conteurs qui ne deviennent jamais vraiment les personnages dont ils content l'histoire, Fred Pougeard renforce l'universalité de Vania. Au spectateur de faire le chemin supplémentaire.
Performance du texte. Non, tout est trop réglé, mis en scène, répété, maîtrisé.

Performance de comédien, oui. Avec à nouveau ce sentiment déjà souvent éprouvé que les comédiens de notre XXI ème siècle ne sont plus en attente de personnages ou de grandes fresques, qu'ils se veulent libérés des metteurs en scène re-créateurs des grands œuvres, qu'ils cherchent dans des récits souvent poétiques mais à la limite de l'écriture pour le plateau une autre façon de partager le texte d'une façon nouvelle, plus directe, dans un contact réinstauré entre la scène et le public.

jeudi 22 juin 2017

les animaux inéluctables (critique)

Elles sont trois, non quatre car il faut aussi compter Jurate Trimakaité. Elles sont donc quatre dont un renard, un ours, une belette....rassemblées pour proposer « Les animaux inéluctables » d'après des nouvelles de Valdoné Budreckaité, une auteur lituanienne contemporaine. 

Si Juraté Trimalkaité a conçu le spectacle et en assure la régie, Marion Belot, Véra Rozanova et Thaïs Trulio se partagent le jeu et la manipulation des marionnettes (des animaux que la taxidermie rend déjà vivants avant qu'ils ne soient manipulés).

Les trois histoires s'organisent autour du lien indéfectible qui unit, dans un pays lointain à la fois si différent et si proche du nôtre, l'homme et l'animal, de la vie à la mort et même au-delà de la mort.
Chaque protagoniste rencontre un animal, par hasard chez lui, un soir de tempête, à sa naissance ou à une extrémité qui se révèle le début d'un ailleurs.

Les comédiennes passent de la manipulation à un jeu qui souvent se rapproche du cirque ou de la danse ou du spectacle de clown. On sent les articulations, les conventions qui sont à la base du travail, mais pour y adhérer avec le ravissement d'un enfant que surprend encore l'ingénuité. Il y a une grande part de candeur, de pureté dans ce spectacle où la mort est poétisée et et s'apparente à la féerie. Les enfants rient sincèrement parfois dans un moment qui devrait être tragique, car le recul est important. Imaginez un jeune homme qui danse le fox trot avec un renard venu le dévorer....

Il y a aussi une grande part d'esthétisme, tout est beau, comme dans un doux rêve d'enfant, les animaux, les personnages, les lumières, le décor, sobre mais efficace (un canapé, un manteau qui enfante puis devient une sorte d'exosquelette) et la scénographie qui enroule toute l'histoire puis la déroule.

De la maquette présentée à l'Ecole Nationale Supérieur des Arts de la Marionnette de Charleville-Mézières, a surgi un spectacle de grande qualité technique (trois formes de manipulation), de grande qualité poétique et esthétique. Qu'on aime ou non le monde des marionnettes, on trouve dans les Animaux Inéluctables émotion et prétexte à la réflexion. Un cocktail qu'on ne peut en aucun bouder bouder.



samedi 4 mars 2017

La position de la culture

L'artiste
genou à terre
embrasse la main
du responsable des subventions
main grasse et turgescente
position de la culture
les lèvres sur la main
fellation culturelle ou financière ?

lundi 20 février 2017

Il faut faire circuler une pétition

Une pétition circule pour faire pression sur les futurs présidentiables : il faut obtenir qu'ils renoncent à confier à des entreprises privées le contrôle des excès de vitesse. Je suis d'accord à cent pour cent. C'est du racket organisé. C'est vrai depuis quand faudrait-il accepter que le droit de rouler trop vite, de mettre la vie des autres en danger soit puni ! Et puis non mais quoi : on ne pourrait pas enfreindre la loi librement ! On va voir ce qu'on va voir. A bas les lois !
Je voudrais mettre en lumière d'autres formes de racket organisé contre lesquels il faudrait se révolter:
1. Il y a des gens qui me réclament un ticket quand je veux rentrer au cinéma ou dans une salle de spectacle. C'est du racket. Il faut les supprimer !
2.  Il y a des vigiles au niveau des caisses des magasins. Ils m'empêchent de me servir comme je veux. Ils m'obligent à payer les articles que je prends. C'est du racket.
3. Quand je prends un verre en terrasse, même chose, il faut que je paye. C'est du racket !

Ensuite revenons sur l'atteinte à la liberté. J'exige d'avoir aussi le droit d'enfreindre la loi. Je n'ai pas de voiture, alors je veux avoir le droit de tuer disons cinq ou six personnes par an. Evidemment sans perte de point sur mon permis de vivre. D'abord mon voisin qui a un regard qui ne me plaît pas, puis ce chanteur qui braille, ah oui la présentatrice de cette émission et puis je trouverai bien de quoi compléter...
Je vous semble fou, pourquoi moi ? et pourquoi pas ceux qui signent la pétition pour avoir le droit de ne pas respecter le code de la route.
Et si on faisait une pétition pour avoir le droit de griller les feux rouges, une autre pour que les voitures vertes aient le droit de rouler d'un autre côté que les autres ( à gauche dans les pays où on roule à droite et à droite dans les pays où on roule à gauche).

Faisons une pétition pour tout cela.  Et attendons d'avoir un 1 million de signatures.

Enfin attention : tous les signataires sont en train de constituer la plus grande base de données de chauffards de la Terre, avec nom, adresse, e-mail. Il ne restera plus qu'à les pêcher comme dans un banc de délinquants auto-proclamés.

Qui commence la pététion?

mercredi 25 janvier 2017

Avignon le OFF j'allais l'oublier 2

Mais dans les rues passantes, les anciens axes romains du Vieil Avignon, cardo et decumanus....
Peut-on parler de théâtre ? Oui, ne soyons pas intellectualistes, l'atellane et la farce ont toujours coexisté avec la grande comédie et la tragédie. Ce qui choque peut-être le plus les amateurs de théâtre, c'est la situation géographique et l'emprise visuelle de ces spectacles : vous avez le choix à tout heure entre les pires créations du théâtre de boulevard (non, le théâtre de boulevard est codifié et répond à des critères éthiques), jouées par des comédiens dont on peut se demander s'ils sont professionnels ou amateurs, des humoristes qui confondent spiritualité et impudence et qui croient être drôles parce qu'ils sont vulgaires à bon marché. Qu'on ne m'accuse pas de pruderie. J'aimais beaucoup Cabu et Charb, les hommes et leur travail. Je hurle de rire devant certains dessins de Charlie Hebdo. (mais parce que même la pornographie peut servir à nous éclairer sur notre monde) Jean Pierre Verheggen est un de mes auteurs préférés et je suis parfois sidérée par la justesse de son observation de notre société. Ce qui ne m'empêche pas de savourer l'écriture de Musset, de Pierre Michon ou de Marcelline Desbordes-Valmore. Mais dans ces théâtres, on sent avant tout le fric. Il faut faire de l'argent en attirant un public facile qu'on flatte dans ce qu'il a de plus trivial. Les producteurs savent qu'il y a de l'argent à prendre et se servent. Les comédiens y trouvent-ils leur compte ? Et les spectateurs ? On les rencontre plus souvent à la sortie de films « franchouillards » comme si la France était un pays de « 50 millions d'abrutis » (merci Michel Sardou). De ces spectacles, les critiques ne parlent pas, trop occupés à descendre des pièces qui ne rentrent pas dans la norme. Il n'y a donc aucune raison qu'ils ne se multiplient pas de façon exponentielles au détriment des autres propositions. Tous les ans des salles se reconvertissent pour les accueillir … Au royaume du fric, le théâtre doit faire profit.


Il s'agit là d'une peinture très grossière et très orientée, d'une caricature bien en dessous ce que pouvait faire Cabu, mais la question se pose à Avignon encore plus qu'ailleurs : qu'est-ce que le théâtre aujourd'hui ?  

Avignon le OFF j'allais l'oublier 1

Avignon le OFF, j'allais l'oublier... Et puis samedi, retour sur le sujet.
Avignon le OFF magnifique et formidable (au sens étymologique), génial et terrifiant.
Là encore la démesure a atteint un tel degré qu'elle devient un obstacle. Trop de spectacles, chacun se réclamant d'un nombre de représentations phénoménal, d'un prix dans un endroit inconnu, d'une nomination à un palmarès, d'une longévité qui laisse pantois...
Le meilleur y côtoie le pire et le pire trouve toujours pire que ce que l'on pouvait imaginer.
Il y a là de jeunes compagnies, de jeunes comédiens qui croient encore au mythe et rêvent que leur présence au festival va enfin les faire sortir de l'ombre, que leur travail va enfin trouver la reconnaissance qu'il mérite. Ils sont souvent assez bons, mais la cohue les acculent à une porte un soir où le tractage à nouveau a été l'occasion de rejets ou de commentaires. Et ils partent en considérations désabusées sur le sort du théâtre, des comédiens, de la culture dès que vous vous arrêtez un peu auprès d'eux. Ils défendent cher la peau de leur création comme Cassandre devant les remparts de Troie ou Saint Jean-Baptiste dans le désert...
Il y a là des compagnies plus solides pour qui le festival n'est qu'une étape...
Des compagnies ou des scènes très reconnues, aux directeurs et metteurs en scène avec déjà un beau passé. Ils sont dans le OFF par défi, par dépit, parce que les places dans le IN sont accordées d'une façon qui ne leur convient pas, parce qu'ils viennent malgré tout et pour prouver à qui de droit que leur spectacle fait recette en Avignon. Ceux-là n'ont pas trop à s'en faire. Leur nom se perd dans le dictionnaire des titres, des auteurs, des metteurs en scène, des compagnies, mais très vite ils attirent leurs attitrés et souvent jouent à guichet fermé.
Il y a des comédiens et des comédiennes que la télévision recrute pour des séries. Ils sont là pour faire un peu de théâtre, « parce qu'ils sont bons aussi sur scène, ce sont des acteurs complets ».Pour eux pas de problèmes, la salle est pleine de gens qui viennent voir, tu sais celui qui jouait l'inspecteur dans la série du mardi. Peu importe ce que raconte la pièce ... tu sais on l'a vu en vrai. Leur fusil a deux coups : vérifier leur notoriété et montrer qu'ils peuvent être à la hauteur pour une prochaine fiction sur une chaîne publique.

Là il y a encore théâtre.