Voyage au centre
historique minier de Lewarde. Un endroit à connaître et à
fréquenter.
Pour faire le chemin
simple et profond qui conduit au plus près de la vie des mineurs.
Une ancienne fausse entre
sauvegarde et ouverture. Peu d'années nous séparent de la fermeture
du dernier puits. On pourrait presque croire que dans un instant les
mineurs vont venir décrocher leur lampe pour descendre au fond. Et
la salle des pendus semble garder des traces de l'eau noire qui
purifiaient à peine du crassier et de la nuit que la sueur collait à
la peau. Parallèle inévitable avec les ardoisiers des monts
d'Ardenne. Un même filon de roches qu'une frontière humaine
distribue dans des pays différents pour créer des conflits entre
des peuples semblables.
D'anciens de la fosse
viennent parfois raconter leur combat avec l'obscurité, la chaleur
et le charbon, et puis la solidarité dans le coron et les plaisirs
communs des après-midi et des soirées au grand-jour. Tout sauf la
nostalgie et le voyeurisme.
La descente aussi pour
les visiteurs. Pas pour moi, je suis claustrophobe. Étonnant pour
quelqu'un qui fréquente tant les salles obscures, peut-être aussi
la raison de ma présence dans les premiers rangs : je respire
l'appel d'air des coulisses et des cintres.
Descendre à Lewarde,
300m sous terre dans les boyaux de la mine ! Ils ont trouvé un
moyen pour m'emmener au fond sans crainte. J'y retourne parfois...
Il y a aussi un
restaurant : le briquet (c'était le nom du casse-croûte
qu'emportaient les mineurs) …. à visiter aussi.
Et puis des expositions,
plus contemporaines.
Enfin, il y a une salle
de spectacle, car Lewarde propose aussi une quantité d'animations de
très grande qualité.
Le centre propose
actuellement une exposition sur Jules Mousseron, le mineur-poète,
créateur de Cafougnette.
Il était logique
d'illustrer cette rétrospective en invitant Jacques Bonnaffé, qui a
tourné un sepctacle sur Cafougnette pendant de nombreuses années.
Plus question de reprendre ce spectacle, même si quelques textes ont
été repris. La représentation s'inscrivait en même temps dans
L'insurrection poétique du Printemps des Poètes. Les poèmes de
Mousseron se révélaient plus graves et militants, notamment avec
des extraits des Boches au pays noir.
Des textes durs pour parler de la vie de tous les jours pendant
l'occupation de 1914-1918.
Jacques Bonnaffé avait
conçu son intervention entre sa responsabilité de parrain du
Printemps des Poètes, son passé de lecteur de Cafougnette, les
commémorations de la Grande Guerre, les discours politiques
engendrés par la proximité des élections départementales,
alternant les niveaux de langue, la langue officielle, le rouchi et
le picard. Deux heures d'une drôlerie extrême et d'une vie et d'une
énergie qui ne peuvent laisser indifférents.
Si vous ne faites pas
partie des quelques privilégiés qui ont pu assister à ce moment
extraordinaire, il vous reste la possibilité d'en découvrir des
extraits sur www.cafougnette.com ou de vous procurer les
enregistrements sur www.compagnie-faisan.org