Une invitation pour aller
écouter Mickael Lonsdale, comme un cadeau dans cette fin d'hiver
gris et ce début de printemps pluvieux. La certitude d'une belle
voix et d'une lecture savante.
Il était accompagné du
musicien Titi Robin.
Une musique
orientalisante et un poème ou des poèmes qui s'étirent
interminablement.
La voix est magnifique et
la musique douce comme un loukoum....
La coopération du
musicien et du récitant a été enregistrée, en studio, mais la
performance est renouvelée en public. On sent un immense travail
pour caler le texte et la musique, un savant jeu de réponses ou de
chevauchement. Tout cela a le charme glauque des eaux lacustres ou le
titillement du faible clapotis des rivières premières, loin des
majestueux fleuves paressant orgueilleusement devant les façades
des grandes villes. Comme un petit début de Moldau modulé à
l'infini.
On est dans la ouate ou
la feutrine. Bouche collée contre le micro pour ne garder que le
filet, de la voix, instruments à peine amplifiés.
C'est un magnifique
travail....mort, privé de vie.
Comme les armoires de
grand-mère aux draps de lavande, aux étagères festonnées de
dentelles, piles au cordeau, mathématiquement organisées.
Des poèmes, on ne
retient que des bribes. Impossible de construire une pensée
continue. Chaque mot est découpé, articulé, vibré, modulé...
mais la phrase disparaît. Tous les textes sont identiques.
Les instruments changent
mais si peu, la lecture est monocorde. Des petits passages, où la
cohérence entre les mots réussit à opérer laissent imaginer que
les textes ont de l'humour parfois. D'autres passages donnent comme
un refrain et on finit par saisir une phrase entière. Mais la
plupart du temps il est impossible de savoir si le mot entendu est
verbe, sujet, complément, adjectif...
On dit et on joue pour
soi, yeux fermés ou cachés derrière un pupitre (je sais je dois
finir cette réflexion sur le caché.. ). Les spectateurs sont les
écouteurs du disques, l'auditoire plus que les spectateurs.
On se prend à évoquer
les souvenirs d'autrefois de la poésie à l'école et de
l'intonation …. La poésie est savante et son approche demande
l'effort...
Je ne suis pas certaine
que ce soit l'image que les deux artistes voulaient donner. Tout cela
a un parfum de splendeur déchue, de gloire fanée...