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mercredi 8 avril 2015

comme une source Michael Lonsdale (critique)

Une invitation pour aller écouter Mickael Lonsdale, comme un cadeau dans cette fin d'hiver gris et ce début de printemps pluvieux. La certitude d'une belle voix et d'une lecture savante.
Il était accompagné du musicien Titi Robin.
Une musique orientalisante et un poème ou des poèmes qui s'étirent interminablement.
La voix est magnifique et la musique douce comme un loukoum....
La coopération du musicien et du récitant a été enregistrée, en studio, mais la performance est renouvelée en public. On sent un immense travail pour caler le texte et la musique, un savant jeu de réponses ou de chevauchement. Tout cela a le charme glauque des eaux lacustres ou le titillement du faible clapotis des rivières premières, loin des majestueux fleuves paressant orgueilleusement devant les façades des grandes villes. Comme un petit début de Moldau modulé à l'infini.
On est dans la ouate ou la feutrine. Bouche collée contre le micro pour ne garder que le filet, de la voix, instruments à peine amplifiés.
C'est un magnifique travail....mort, privé de vie.
Comme les armoires de grand-mère aux draps de lavande, aux étagères festonnées de dentelles, piles au cordeau, mathématiquement organisées.
Des poèmes, on ne retient que des bribes. Impossible de construire une pensée continue. Chaque mot est découpé, articulé, vibré, modulé... mais la phrase disparaît. Tous les textes sont identiques.
Les instruments changent mais si peu, la lecture est monocorde. Des petits passages, où la cohérence entre les mots réussit à opérer laissent imaginer que les textes ont de l'humour parfois. D'autres passages donnent comme un refrain et on finit par saisir une phrase entière. Mais la plupart du temps il est impossible de savoir si le mot entendu est verbe, sujet, complément, adjectif...
On dit et on joue pour soi, yeux fermés ou cachés derrière un pupitre (je sais je dois finir cette réflexion sur le caché.. ). Les spectateurs sont les écouteurs du disques, l'auditoire plus que les spectateurs.
On se prend à évoquer les souvenirs d'autrefois de la poésie à l'école et de l'intonation …. La poésie est savante et son approche demande l'effort...
Je ne suis pas certaine que ce soit l'image que les deux artistes voulaient donner. Tout cela a un parfum de splendeur déchue, de gloire fanée...