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vendredi 23 mars 2018

Les 10 mots 2018

Voici un texte qui a été proposé à la lecture à la journée de la poésie en Belgique. Plus précisément à
 Watermael Boitsfort (la ville des mots et de la francophonie). 


Il est un griot
griot hic et griot nunc
griot
d'ici et d'aujourd'hui
jaseur boréal
griot à écouter
en replay les soirs de nuit
les jours d'ombrage

quand s'assoupissent les nuages
et le dernier clapotis du naufrage
écoutez-le
écoutez le griot
écoutez-le
phraseur jubilant
jasant sa jactance
jazzant l'existence
géant d'effervescence

ohé oh eh oh ho ohé ého

Sa voix s'installe sur l'oreille
frappe au vestibule
s'adosse au pavillon
croise les jambes
prend un verre
et susurre au ras du tympan

volubile
elle s'enroule, se love
en ondes enluminées
aux ferveurs labiles

ça placote par ci
ça placote par là
Écoutez le
écoutez le griot
écoutez-le
Loquace et prolixe
il continue son verbe poétique
bluesant les inquiétudes
blessant les platitudes
blasant les lassitudes

Il parle parle parle
sans bagad, sans bagou, sans gouaille
il parle
Ecoutez-le
écoutez le griot
écoutez le
les babillards bavasseux
jacasseurs jargonnant
se lassent, se tassent, s'effacent à la fin

il parle, parle
truculent
agaçant l'accent
que d'autres ont dévoyé

il parle
et trace un sillage de contrails
dans la langue éternelle
dans le temps sans écho
mot à mot son à son
il parle
écoutez le griot.


Les dix mots :

  • Accent
  • Bagou
  • Griot, griotte
  • Jactance
  • Ohé
  • Placoter
  • Susurrer
  • Truculent, ente
  • Voix
  • Volubile

jeudi 4 janvier 2018

Vitamine P !





Petit exercice d' analyse d'image... 

un vieil homme 
à moitié endormi (à moitié mort ? )
fermé au monde, coupé du réel 
inactif
dans une ataraxie profonde
replié sur lui même (les mains dans les poches)
il a eu froid mais maintenant il est bien au chaud dans sa grosse polaire
dans un fauteuil
devant une fenêtre à laquelle il tourne le dos
une nature froide, enneigée, dont il se protège
déjà des rideaux ont été tirés, ils cachent une partie de la fenêtre
dehors la nature et  des arbres, nous sommes dans un bois ou au mieux à la campagne 
les rideaux et le froid induisent un silence profond
Tout s'endort plus de bruit douce nuit sainte nuit (air de saison)
Deux statues de dieux ou de divinités exotiques 
l'ésostérisme n'est pas loin; 
peut-être le vieil est-il en prière, dans un coma mystique.

Vous l'avez  vu c'est l'image qu'a choisie Printemps des Poètes pour présenter ses vœux, pour donner l'image que nous devons avoir du poète au XXIème siècle. : 
un HOMME hors du temps et de la vie, focalisé sur son intérieur divin. 
Pour ceux qui pensent autrement je conseille la lecture de 

La vitamine P de Jean-Paul Siméon (Rue du monde éditions)
dont voici la 4ème de couverture

Avons-nous vraiment besoin des poètes et de la poésie ? A cette question qu'on ne prend même pas le temps de se poser, Jean-Pierre Siméon répond par un "oui !" enthousiaste et argumenté. Pour contrer l'apathie de nos consciences et aiguiser l'esprit de résistance, pour donner du souffle à nos émotions et nous affranchir des carcans de la langue, il nous montre qu'il est urgent de nous doper à la vitamine Poésie ! Mais comment aborder un poème ? Comment accepter de ne pas tout y comprendre ? Et pourquoi est-il décisif d'inviter les enfants, dès le plus jeune âge, à cette stimulante f

mercredi 20 décembre 2017

La grande faute de Miss France : elle parle français

Voilà tout vient d'une petite phrase sur la "crinière" de la miss qui l'a précédée. Et l'on crie au scandale. Raciste !
Oui il y  a là une forme de racisme. On laisse des personnes sans aucune culture, qui ne maîtrisent pas la langue française diffamer une femme qu'elles ne connaissent même pas.
Le mot "crinière" dans le dictionnaire a plusieurs acceptions. Dont une "chevelure abondante ". L'usage de ce sens est attesté depuis 1671, dans un écrit de Boileau. Il apparaît dans la dernière strophe de La chevelure de Charles Baudelaire.
C'est très grave, cela veut dire qu'aujourd'hui, la vérité appartient à ceux qui sont le plus illettrés, le plus éloignés de la culture la plus primaire, celle qui consiste à connaître la langue que l'on pratique au niveau national. Une tweetteuse l'a judicieusement fait remarqué "les lionnes sont chauves" et elle en profite pour insulter la femme qui connaît la polysémie des mots (ce n'est pas une maladie).
Ce qui est très scandaleux, c'est que les journalistes prennent fait et cause pour les diffamateurs et participent notoirement à cette diffamation, sans chercher qui est le fautif dans l'histoire, celui qui parle un français correct ou celui qui ne le comprend pas et délire dans une aberration lexicale. (ce n'est pas une maladie non plus). Rappel la diffamation est punie par la loi. Peut-on imaginer que tous les journalistes et tous les directeurs de rédaction qui ont choisi de propager la diffamation basée sur une mauvaise compréhension seront condamnés ?
Certains journaux demandent même une destitution (Gala par exemple). Ils feraient mieux  d'envisager l'achat d'un dictionnaire.
Ce qui est grave, c'est qu'on peut aujourd'hui accuser quelqu'un et le salir sur toutes les chaînes de télévisons à une heure de grande écoute, simplement en se fiant à une méprise.
Ce qui est grave c'est que personne ne fera de repentir public ou d'excuse.
Ce qui est grave c'est que ce genre d'attitude a conduit à dénoncer des milliers de gens pendant la Seconde guerre Mondiale et à les envoyer dans les camps d'extermination, il y a 70 ans seulement. Les faits prouvent que notre société serait pire que celle d'alors... Le racisme ... Où est-il ?

Ah un petite rappel, il était très à la mode, il y a une vingtaine d'années d'arborer une "lionne" qui était une coiffure toute bouclée sur l'arrière. A l'époque pourtant  les lionnes ne portaient pas de crinière.
Doit-on voir là une victoire de Daech sur  un nouveau théâtre de bataille : celui des medias qui peuvent servir sa cause en mettant en exergue (ce n'est pas une maladie) des allégations (ce n'est toujours pas une maladie) qui font croire à une universalité du complot contre la cause dont Daech se croit le tenant.
Quelques fables de La Fontaine (auteur de la même époque que Boileau) : Le loup et l'agneau, les animaux  malades de la peste. 

jeudi 16 novembre 2017

Vania mort pour la France (critique)





Vania est mort pour la France. Vania un Russe qui a abandonné sa mère patrie pour les bourbiers de la Marne de la Grande Guerre. Le texte est une commande du Département de la Marne dans le cadre de la commémoration du centenaire de la Première Guerre Mondiale. Pascal Adam a écrit le texte et Yves Béraud assure à l'accordéon la partie musicale.
Le conteur et comédien Fred Pougeard incarne le texte.
Quel âge Vania a-t-il ? Le texte est vague là-dessus, comme sur sa vie d'avant. On lui imagine l'âge du comédien et sa mort en est plus cruelle, car Vania commence par finir, par mourir lors de l'attaque commandée par Nivelle. Il sera enterré dans le cimetière russe de Saint-Hilaire dans la Marne ; Une chapelle et un petit ermitage assurent une présence russe autour des nombreuses tombes.... voilà pour le contexte historique et le rapport avec le département.
Les dernières heures de Vania sont donc les premières minutes du spectacle. Moment fort que porte avec force Fred Pougeard. L'issue est connue de tous, impossible de faire du suspens sur cette offensive qui a coûté la vie à tant d'hommes. La voix monte, le ton s'emporte, puis se fatigue, cherche à retrouver de l'énergie, la dernière énergie. C'est un exercice dans lequel excelle le comédien. (il faut avoir vu L'oiseau qui dit non pour en mesurer toute la puissance). Au moment final, comédien et auteur se rejoignent dans une sobriété qui refuse le pathétique au profit de l'humain.
Vania n'a pas d'histoire particulière, il n'est qu'un parmi tant d'autres avec ses doutes, ses peurs, ses rires, sa nostalgie (soutenue par des chansons assez nombreuses). On lui ment sur la situation en Russie, sur la situation en France, sur la situation en Allemagne. Il erre d'une scène de combat à un hôpital, à une chambrée. Au sol, dans un décor minimaliste, son pardessus, comme une défroque, ou une chrysalide abandonnée au dernier instant. En adoptant un jeu un peu en retrait à la façon des conteurs qui ne deviennent jamais vraiment les personnages dont ils content l'histoire, Fred Pougeard renforce l'universalité de Vania. Au spectateur de faire le chemin supplémentaire.
Performance du texte. Non, tout est trop réglé, mis en scène, répété, maîtrisé.

Performance de comédien, oui. Avec à nouveau ce sentiment déjà souvent éprouvé que les comédiens de notre XXI ème siècle ne sont plus en attente de personnages ou de grandes fresques, qu'ils se veulent libérés des metteurs en scène re-créateurs des grands œuvres, qu'ils cherchent dans des récits souvent poétiques mais à la limite de l'écriture pour le plateau une autre façon de partager le texte d'une façon nouvelle, plus directe, dans un contact réinstauré entre la scène et le public.

jeudi 22 juin 2017

les animaux inéluctables (critique)

Elles sont trois, non quatre car il faut aussi compter Jurate Trimakaité. Elles sont donc quatre dont un renard, un ours, une belette....rassemblées pour proposer « Les animaux inéluctables » d'après des nouvelles de Valdoné Budreckaité, une auteur lituanienne contemporaine. 

Si Juraté Trimalkaité a conçu le spectacle et en assure la régie, Marion Belot, Véra Rozanova et Thaïs Trulio se partagent le jeu et la manipulation des marionnettes (des animaux que la taxidermie rend déjà vivants avant qu'ils ne soient manipulés).

Les trois histoires s'organisent autour du lien indéfectible qui unit, dans un pays lointain à la fois si différent et si proche du nôtre, l'homme et l'animal, de la vie à la mort et même au-delà de la mort.
Chaque protagoniste rencontre un animal, par hasard chez lui, un soir de tempête, à sa naissance ou à une extrémité qui se révèle le début d'un ailleurs.

Les comédiennes passent de la manipulation à un jeu qui souvent se rapproche du cirque ou de la danse ou du spectacle de clown. On sent les articulations, les conventions qui sont à la base du travail, mais pour y adhérer avec le ravissement d'un enfant que surprend encore l'ingénuité. Il y a une grande part de candeur, de pureté dans ce spectacle où la mort est poétisée et et s'apparente à la féerie. Les enfants rient sincèrement parfois dans un moment qui devrait être tragique, car le recul est important. Imaginez un jeune homme qui danse le fox trot avec un renard venu le dévorer....

Il y a aussi une grande part d'esthétisme, tout est beau, comme dans un doux rêve d'enfant, les animaux, les personnages, les lumières, le décor, sobre mais efficace (un canapé, un manteau qui enfante puis devient une sorte d'exosquelette) et la scénographie qui enroule toute l'histoire puis la déroule.

De la maquette présentée à l'Ecole Nationale Supérieur des Arts de la Marionnette de Charleville-Mézières, a surgi un spectacle de grande qualité technique (trois formes de manipulation), de grande qualité poétique et esthétique. Qu'on aime ou non le monde des marionnettes, on trouve dans les Animaux Inéluctables émotion et prétexte à la réflexion. Un cocktail qu'on ne peut en aucun bouder bouder.



samedi 4 mars 2017

La position de la culture

L'artiste
genou à terre
embrasse la main
du responsable des subventions
main grasse et turgescente
position de la culture
les lèvres sur la main
fellation culturelle ou financière ?

lundi 20 février 2017

Il faut faire circuler une pétition

Une pétition circule pour faire pression sur les futurs présidentiables : il faut obtenir qu'ils renoncent à confier à des entreprises privées le contrôle des excès de vitesse. Je suis d'accord à cent pour cent. C'est du racket organisé. C'est vrai depuis quand faudrait-il accepter que le droit de rouler trop vite, de mettre la vie des autres en danger soit puni ! Et puis non mais quoi : on ne pourrait pas enfreindre la loi librement ! On va voir ce qu'on va voir. A bas les lois !
Je voudrais mettre en lumière d'autres formes de racket organisé contre lesquels il faudrait se révolter:
1. Il y a des gens qui me réclament un ticket quand je veux rentrer au cinéma ou dans une salle de spectacle. C'est du racket. Il faut les supprimer !
2.  Il y a des vigiles au niveau des caisses des magasins. Ils m'empêchent de me servir comme je veux. Ils m'obligent à payer les articles que je prends. C'est du racket.
3. Quand je prends un verre en terrasse, même chose, il faut que je paye. C'est du racket !

Ensuite revenons sur l'atteinte à la liberté. J'exige d'avoir aussi le droit d'enfreindre la loi. Je n'ai pas de voiture, alors je veux avoir le droit de tuer disons cinq ou six personnes par an. Evidemment sans perte de point sur mon permis de vivre. D'abord mon voisin qui a un regard qui ne me plaît pas, puis ce chanteur qui braille, ah oui la présentatrice de cette émission et puis je trouverai bien de quoi compléter...
Je vous semble fou, pourquoi moi ? et pourquoi pas ceux qui signent la pétition pour avoir le droit de ne pas respecter le code de la route.
Et si on faisait une pétition pour avoir le droit de griller les feux rouges, une autre pour que les voitures vertes aient le droit de rouler d'un autre côté que les autres ( à gauche dans les pays où on roule à droite et à droite dans les pays où on roule à gauche).

Faisons une pétition pour tout cela.  Et attendons d'avoir un 1 million de signatures.

Enfin attention : tous les signataires sont en train de constituer la plus grande base de données de chauffards de la Terre, avec nom, adresse, e-mail. Il ne restera plus qu'à les pêcher comme dans un banc de délinquants auto-proclamés.

Qui commence la pététion?