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mercredi 30 mars 2016

10 mots pour la langue française 1

Fada ! J'étais complètement fada d'avoir accepté ce reportage à Montréal ! Quand, Arnaud, le directeur de l'info, avait balancé pendant la réunion :« Il me faudrait un dossier sur les français au Québec », j'avais levé la main comme un seul homme. J'étais le seul d'ailleurs et j'avais cru voir derrière la mine soudain chafouine de mes collègues le soulagement face à une corvée esquivée.

Il tombait, à mon arrivée à Roissy, une des plus belles draches de mon existence. Ma grand-mère disait toujours quand il drache à bouton, on en a pour trois jours. Vu la taille des boutons, on en avait bien pour la semaine. Finalement, j'étais content de ne pas devoir affronter cet épisode cévenol qui s'était trompé de région.
Il y avait eu du retard au décollage. Normal ! Quand il n'y a pas grève...

Content je l'étais beaucoup moins au moment où l'avion s'est posé à Pierre-Elliot Trudeau. Pas de boutons ici, mais une magnifique averse de neige, digne de figurer dans les guides touristiques. Montréal fêtait à sa façon l'arrivée d'un petit français. Mais d'autres semblaient plus mal lotis. Trois grands Africains attendaient à côté de moi au retour des valises. Qu'est-ce qu'ils faisaient ici ?... Je les aurais mieux imaginer guettant un tap-tap sur une route poudreuse écrasée de soleil. Ici on aurait pu les prendre pour les Rois Mages. Un peu en avance en novembre, mais le temps forçait la ressemblance. Leurs valises récupérées, l'un deux sortit un smartphone dernier modèle. Le mouvement avait dégagé son bras et m'avait montré une gourmette en or massif dont la revente m'aurait permis d'acheter un 4x4 avec sièges chauffants.... Il avait donné un ordre dans un anglais impeccable puis ils s'étaient dirigés vers un restaurant. Mais quelle idée j'avais eue de prendre ce reportage ! Il devait bien y avoir un autre sujet : une élection de miss, un salon du vin....


Je ne suis pas un champagné, donc pas de domestique obéissant au moindre appel. Direction la gare routière. Un SMS à mon contact, Jean-Rock, en attendant. Faire juste attention à ne pas se geler les doigts. Le bus heureusement était arrivé assez vite et il était chauffé. Où j'allais ? Jean-Rock m'avait donné rendez-vous au jardin botanique. Mais c'était dans une autre vie, où je n'arrivais ni la nuit, ni dans une tempête de neige. Sympa, le chauffeur m'avait rassuré, il y avait des correspondances et à cette heure il y aurait encore quelqu'un pour me renseigner.