Poursuite de ma
rumination sur le texte et l'écran dans les contées et dans les
performances, poétiques par exemple.
Un petit détour par le
dictionnaire, avec l'amorce d'un commentaire lié à la rumination.
Une première question
liée à l'étymologie : le mot viendrait d'un mot du haut
allemand : qui signifie grille ou clôture. Si la grille permet
de hasarder un regard, la clôture est une fermeture totale, une
opacité, qui s'entoure de mystère.
L'écran, en français,
est ce qui garantit de l'ardeur trop vive d'un foyer.
Mais c'est aussi le voile
qu'utilisent les peintres pour atténuer un excès de lumière.
Peut-on prendre cette
acception pour notre écran en contée et en poésie ? Un
conteur, le comédien lecteur qui lirait avec un livre ou une feuille
à la main créerait-il une barrière entre la trop grande chaleur ou
la trop grande lumière du texte et l'assistance ?
L'écran est aussi tout
objet interposé, pour dissimuler ou protéger. Dissimuler quoi ?
Dissimuler qui ? Protéger quoi ? Protéger qui ?
Il est évident que cette
définition nous invite à nous interroger sur le rapport entre le
lecteur et son public.
L'écran est aussi la
surface blanche qui reçoit une image projetée. Quelle image ?
Là encore il faudra se questionner : l'image doit-elle être
réelle ou peut-elle être virtuelle ?
Enfin sur les appareils
informatiques, l'écran est la partie illuminée par l'arrière qui
permet de voir l'image, mais qui aussi permet d'agir, d'avoir une
action modificatrice sur elle (écran tactile.. )
Peut-on considérer comme
écran, la privation de l'image, dans une émission radiophonique ou
dans un enregistrement sur CD ? Seule une partie du lecteur ou
du conteur nous est livrée, et encore trahie, car souvent elle est
épurée par le jeu des filtres, privée de la corporalité ou de ce
qui la manifeste.
Une postsynchronisation
est-elle un écran ? La voix est bien présente, mais dans une
ambiguïté de la corporalité : si la voix et ses adjacents
comme la respiration, les silences habités,sont sensibles, l'image
qui leur est associé est autre, phénomène très perturbant...
Il va falloir vraiment
ruminer...