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mercredi 2 septembre 2015

Alice aux mille mains (critique)

Mateja Bizjac-Petit en est l'auteur.
Mateja, rencontrée un jour à la suite d'amis invités par elle à un vernissage,
Mateja que je pressens plus que je la connais, à travers nos choix parallèles d'auteurs, de textes, à travers des silences ou des voiles qu'on espère tendus, qu'on croit opaques et qui sont écrans d'ombres chinoises.
Son dernier livre Alice aux mille mains est une réécriture d'un précédent recueil au tire identique et qui était une traduction d'une version en slovène, sa langue maternelle. Cette nouvelle version s'ancre davantage dans la maîtrise du vocabulaire français, dans sa subtilité, dans la richesse de la syntaxe et de ses ruptures et de l'éloquence qui naît de les malmener.
Chaque poème a une double entrée. Une forme brève, sobre comme un haïku (dont elle adopte l'image : 3 vers) et polysémique comme un oracle. Ces petites formes racontent au fil des pages une femme avec ses rêves, ses doutes, ses regrets, ses certitudes. Leur richesse et leur simplicité bouleversent comme autant d'aveux.
Puis, il y a ces masques, ces voiles qui accourent pour égarer l’œil et tromper l'oreille. Tous ces mots venant briser la ligne souple de la phrase essentielle, la travestissant par d'autres références, d'autres contextes. Des compléments deviennent sujets, des verbes s'entendent comme des adjectifs et les draperies poétiques écartèlent la phrase trop impudique comme si la confidence en se faisait qu'à peine.

Il faut prendre le temps de cette double lecture la fulguration de la phrase d'origine et le plaisir des fioritures Renaissance.