Mateja Bizjac-Petit en est l'auteur.
Mateja, rencontrée un
jour à la suite d'amis invités par elle à un vernissage,
Mateja que je pressens
plus que je la connais, à travers nos choix parallèles d'auteurs,
de textes, à travers des silences ou des voiles qu'on espère
tendus, qu'on croit opaques et qui sont écrans d'ombres chinoises.
Son dernier livre Alice
aux mille mains est une
réécriture d'un précédent recueil au tire identique et qui était
une traduction d'une version en slovène, sa langue maternelle. Cette
nouvelle version s'ancre davantage dans la maîtrise du vocabulaire
français, dans sa subtilité, dans la richesse de la syntaxe et de
ses ruptures et de l'éloquence qui naît de les malmener.
Chaque
poème a une double entrée. Une forme brève, sobre comme un haïku
(dont elle adopte l'image : 3 vers) et polysémique comme un
oracle. Ces petites formes racontent au fil des pages une femme avec
ses rêves, ses doutes, ses regrets, ses certitudes. Leur richesse et
leur simplicité bouleversent comme autant d'aveux.
Puis,
il y a ces masques, ces voiles qui accourent pour égarer l’œil et
tromper l'oreille. Tous ces mots venant briser la ligne souple de la
phrase essentielle, la travestissant par d'autres références,
d'autres contextes. Des compléments deviennent sujets, des verbes
s'entendent comme des adjectifs et les draperies poétiques
écartèlent la phrase trop impudique comme si la confidence en se
faisait qu'à peine.
Il
faut prendre le temps de cette double lecture la fulguration de la
phrase d'origine et le plaisir des fioritures Renaissance.